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Sur un échange de pastilles de menthe

« Rama Krishna, à propos du marchandage : ''L'homme vraiment sage est celui qui n'a de dédain pour rien.'' Ne pas confondre idiotie et sainteté. »

(Camus Carnets 23 septembre 37)

 

« Dans les chemins au dessus de Blida, la nuit comme un lait et une douceur, avec sa grâce et sa méditation. Le matin dans la montagne avec sa chevelure rase ébouriffée de colchiques – les sources glacées, l'ombre et le soleil – mon corps qui consent puis refuse. L'effort concentré de la marche, l'air dans les poumons comme un fer rouge ou un rasoir affilé – tout entier dans cette application et ce surpassement qui s'efforce à triompher de la pente – comme une connaissance de soi par le corps. Le corps, vrai chemin de la culture, il nous montre nos limites. » (17 octobre 1937)

Une marche où sans nul doute Sisyphe et Camus se sont accompagnés, souffrant et exultant ensemble sur la même pente.

 

« L'exigence du bonheur et sa recherche patiente. Il n'y a pas de nécessité à exiler une mélancolie, mais il y en a une à détruire en nous ce goût du difficile et du fatal. Être heureux avec ses amis, en accord avec le monde, et gagner son bonheur en suivant une voie qui pourtant mène à la mort.

''Vous tremblerez devant la mort.''

''Oui, mais je n'aurai rien manqué de ce qui fait ma mission et c'est de vivre.'' Ne pas consentir à la convention et aux heures de bureau. Aspirer à la nudité où nous rejette le monde, sitôt que nous sommes seuls devant lui. Mais surtout, pour être, ne pas chercher à paraître. »

(18 octobre)

« Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; voire et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude et à moi (…)

Nous sommes de grands fols : '' Il a passé sa vie en oisiveté, disons nous ; je n'ai rien fait d'aujourd'hui. - Quoi, avez vous pas vécu ? C'est non seulement la fondamentale, mais la plus illustre de vos occupations. - Si on m'eût mis au propre des grands maniements, j'eusse montré ce que je savais faire. - Avez vous su méditer et manier votre vie ? Vous avez fait la plus grande besogne de toutes'' ».

(Montaigne Essais III,13 De l'expérience)

 

« Au cinéma de quartier, on vend des pastilles de menthe où est écrit : ''M'épouserez-vous un jour'' ''M'aimez-vous ? '' Et les réponses : ''Ce soir'', ''Beaucoup'', etc. On les passe à sa voisine qui répond de la même manière. Des vies s'engagent sur un échange de pastilles de menthe. » (8 novembre)

On faisait la même chose à l'école avec les copines, mais avec des petits biscuits. Et encore, plus tard, à la cantine du lycée, où ces mêmes biscuits accompagnaient crème ou fromage blanc. On n'engageait pas nos vies, mais on se payait, en guise de deuxième dessert, de bonnes tranches de rire en cherchant les associations les plus absurdes.

 

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