Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dans la société des femmes

« La politique et le sort des hommes sont formés par des hommes sans idéal et sans grandeur. Ceux qui ont une grandeur en eux ne font pas de politique. Ainsi de tout. Mais il s'agit maintenant de créer en soi un nouvel homme. Il s'agit que les hommes d'action soient aussi des hommes d'idéal et les poètes industriels. Il s'agit de vivre ses rêves – de les agir. Avant on y renonçait ou s'y perdait. Il faut ne pas s'y perdre et n'y pas renoncer. »

(Camus Carnets décembre 1937)

Oui voilà on va dire ça.

 

« Un homme qui a le sens du jeu est toujours heureux dans la société des femmes. La femme est bon public. »

Ça veut dire quoi ça ? L'éditeur met une note : Thème stendhalien que Camus reprendra dans son projet pour un Don Juan-Faust. C'est censé excuser la condescendance ?

Voilà un truc qui aurait agacé Maman Simone (de Beauvoir). Parce que bon les femmes comme public tandis que les hommes jouent sur scène, si c'est pas la partition « premiers rôles et deuxième sexe » hein ?

Et en plus c'est même pas vrai. Je gage, les filles, que vous êtes comme moi : bon public, on veut bien, à condition que le spectacle soit bon.

Du coup cela questionne l'expression un homme qui a le sens du jeu. Les hommes, les mecs, jouent beaucoup c'est sûr. Avec un certain talent d'ailleurs pour mettre tout leur sérieux dans le futile. On vous commente un match de foot ou de rugby (exemple au hasard) comme s'il s'agissait d'un enjeu de vie et de mort (OK de fait ça arrive dans les bastons de supporters alcoolisés).

Et inversement on rend futile le tragique : la guerre en Ukraine intéresse plus par les jeux de stratégie entre chefs d'état que par le scandale des morts, des viols, des tortures.

Mais là où Camus n'a pas tout à fait tort, c'est que les femmes sont conditionnées à se faire bon public pour ces comportements, à confondre force et violence, énergie active et agitation vide. Ce qui est bien masochiste, vu que, dans ce spectacle, ce sont elles qui assument en majeure partie ce que Lucile Peytavin appelle Le Coût de la virilité (Ed. Anne Carrière 2021).

Un ouvrage sous-titré ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes. Et le monde donc ...

 

Bref hommes et femmes, le mieux serait encore de jouer ensemble une bonne pièce. Que l'on écrirait et mettrait en scène ensemble.

« La souffrance de n'avoir pas tout en commun et le malheur d'avoir tout en commun. » (février 38)

Oui d'accord là je triche un peu parce que Camus n'applique pas spécialement cela aux rapports entre genres. Mais je trouve que c'est assez raccord avec ce qui précède.

 

Commentaires

  • Bien répondu sur ce "bon public", merci, Ariane.

  • Ah ben oui c'était trop tentant !

Les commentaires sont fermés.