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  • Mosaïque

     

    La Bible comme on sait signifie les et non le livre (ta biblia est un pluriel en grec). L'entendre au singulier est dommageable à un juste rapport avec elle. Cela laisse plus ou moins penser qu'on se trouverait devant un texte cohérent, un message conçu comme une totalité bouclée, une sorte de dernier mot.

    Mais non. Ceci n'est pas un pavé, c'est une mosaïque. (Forcément). (Même si le terme mosaïque au sens petits cailloux n'a pas de rapport avec Moïse) (dixit Robert, l'autre bible).

    Un livre aux multiples faces, ensemble composite et baroque, tissé de textes d'époques différentes en des styles littéraires variés, depuis le code rituel le plus étroit à la plus subtile poésie, en passant par le récit mythologique ou (prétendu) historique, le traité philosophique, la parole prophétique.

    Le tout avec des motivations et des buts tout aussi variés, et bien souvent contradictoires. Apologie et dénonciation, appel au pardon et exaltation de la vengeance, jubilation et déploration, enseignement et questionnement quasi aporétique.

     

    Pourtant ces apparentes limites de production et de contexte ne vont pas à l'encontre du pouvoir de signification, elles en sont plutôt le moyen. C'est d'elles, de leur reconnaissance, que la Bible tire sa capacité à laisser parler la chair vive et le réel, malgré toutes les tentatives de réduction à la normativité ou à l'idéalisme opérées par les pouvoirs religieux et politiques.

    Ne se présentant pas comme un livre mais comme la juxtaposition de livres divers et contradictoires, elle implique de poser le fait de l'interprétation comme constitutif de son sens. 

    Si bien que logiquement il faut déduire que la parole biblique ne peut délivrer sa vérité qu'en récusant un positionnement transcendant.

    (Comme l'a argumenté un lecteur et pas des moindres, j'ai nommé Spinoza).

     

    Du point de vue descriptif, si l'on fait l'impasse sur les trucs trop pointus genre dates et strates de composition (non que ce soit sans intérêt, mais format blog oblige), on a aujourd'hui deux testaments, le premier et le second (jusque là on y va avec M. de la Palice).

    Le second (des évangiles à l'apocalypse) est écrit en grec. Le premier en hébreu, à l'exception de quelques livres tardifs. La légende veut que sa traduction grecque, dite pour cette raison Septante, soit le fruit du travail de 70 sages ayant abouti séparément à la même traduction au mot près (chassez le mythe il revient au galop). Ensuite les deux testaments furent traduits en latin, ça s'appelle la Vulgate.

    Et depuis, on continue à lire, traduire et interpréter.

    La prochaine fois on s'intéresse à la question de (des) l'auteur (présumé) du livre des psaumes. 

     

     

  • Pour commencer

    Lectrice, lecteur, le livre que je me propose d'ouvrir à présent se trouve dans la Bible soi-même. Devant un texte si lourd à tous points de vue, le parcours va commencer par un passage obligé (disons auquel je m'oblige) de 3 questions (comme pour le héros d'un conte) (aucun rapport) (quoique).

    1) « d'où »parler de la Bible  2) pourquoi en parler  3) comment

    1) Je ne suis pas croyante (comme on dit) à quoi que ce soit en fait de religion ou idéologie (du moins je m'y efforce). J'ai été croyante au dieu biblique (peu importe je ne suis pas là pour raconter ma vie). La chose principale que j'en retiens est précisément la rencontre du texte et sa fréquentation, seule et avec d'autres. Femmes et hommes, juifs et chrétiens, croyants ou pas, savants à des degrés divers, intelligents, passionnés. Cette lecture ouverte a nourri en profondeur mon rapport au monde.

    (Des bornés bourrins ? J'en ai rencontré aussi je vous rassure, et les ai fuis autant que possible) (oui la charité aurait voulu que nous tentassions de les convertir au plaisir de penser) (mais y a pas écrit sainte Ariane).

    2) Pourquoi parler de la Bible ? Pour la même raison qu'on parle de Spinoza, Montaigne, Freud, Nietzsche (et quelques autres). C'est un texte inépuisable, qui réserve toujours de nouvelles découvertes. Un texte complexe et multiforme qui sollicite curiosité, intelligence et sensibilité. Un texte où l'on vient avec ses questions existentielles. Et l'on n'est pas déçu du voyage, il en pose bien d'autres auxquelles on ne songeait pas. Bref, un texte qui vaut le détour. Et en plus (surtout) il est souvent très beau.

    3) Comment en parler (étant entendu que c'est hors apologétique religieuse) ? De beaucoup de façons, en exégète, historien, philosophe, poète. Dans mon cas (et donc le tien, lecteur), il s'agira de lire en amatrice (relativement) éclairée. Qui cherche comment le texte lui parle personnellement, selon la coutume éprouvée dans ce blog (comment ça y a pas qu'elle d'éprouvée ?)

     

    La Bible donc, mais parmi tous les livres, lequel ? Embarras du choix : la Genèse, sommet de la culture humaine que l'on n'a jamais fini d'explorer, les prophètes, Job, le Cantique des Cantiques, le livre de Qohèlet l'ecclésiaste. Et puis dans les évangiles, les paraboles, le sermon sur la montagne etc.

    J'ai choisi quelques psaumes, pour diverses raisons esthétiques et pratiques qui apparaîtront (ou pas) au lecteur chemin faisant.

    Mais il me faut d'abord présenter un peu la Bible en général à ceux d'entre vous qui peut être auraient besoin d'un debriefing sur le sujet. Je le fais la prochaine fois.