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  • Vanitas vanitatum

    Pour entrevoir l'essentiel, il ne faut exercer aucun métier. Rester toute la journée allongé, et gémir.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Pour tromper la mélancolie, il faut bouger sans relâche. Dès qu'on s'arrête, elle se réveille, si tant est qu'elle se soit jamais assoupie.

     

    Après tout, je n'ai pas perdu mon temps, moi aussi je me suis trémoussé, comme tout un chacun, dans cet univers aberrant. 

    (dernière phrase d'A&A)

     

    Voilà voilà .. Bon allez disons qu'« Un roi sans divertissement est un homme plein de misère », et n'en parlons plus.

     

    Leçon quotidienne de retenue : songer, ne fût-ce que la durée d'un éclair, qu'un jour on parlera de nos restes. (C'est lui qui souligne).

    Et encore, s'il se trouve quelqu'un pour en parler. (Soit dit sans casser l'ambiance).

     

  • Ecole de discrétion

    Vous avez beau déserter telle croyance religieuse ou politique, vous conserverez la ténacité et l'intolérance qui vous avaient poussé à l'adopter. Vous serez toujours furieux, mais votre fureur sera dirigée contre la croyance abandonnée ; le fanatisme, lié à votre essence, y persistera indépendamment des convictions que vous pouvez défendre ou rejeter. Le fond, votre fond, demeure le même, et ce n'est pas en changeant d'opinions que vous arriverez à le modifier.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Belle analyse du je ne sais quoi de totalitaire qui caractérise souvent le militantisme, le dogmatisme prêcheur. Ce comportement furieusement irrationnel auquel horreurs et erreurs historiques doivent tout.

     

    Avoir crié ses doutes sur les toits, tout en se réclamant de l'école de discrétion qu'est le scepticisme.

    Discrétion est à entendre au sens propre. L'art de discriminer, de faire des différences. Et plus on se met à les observer, plus on en découvre. Si bien que le scepticisme, qui a le doute pour moteur, ne peut que s'abstenir de toute proclamation, fût-elle de doute.

    Conclusion : s'il y a quelque chose dont un sceptique peut douter, c'est parvenir à vraiment l'être. Comme les droites parallèles ne sont sécantes qu'à l'infini, le sceptique n'est tel qu'à l'indéfini.

     

    Plus que tout me répugne le doute méthodique. Je veux bien douter, mais à mes heures seulement.

    Et surtout pas de moi ... 

     

  • Quart d'heure de modestie

    À mesure que la mémoire s'affaiblit, les éloges qu'on nous a prodigués s'effacent au profit des blâmes. Et c'est justice : les premiers, on les a rarement mérités, alors que les seconds jettent quelque clarté sur ce qu'on ignorait de soi-même.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Typologie. Devant un compliment trois réactions possibles.

    1) L'incrédulité correspond à la tendance à se sous-estimer. On interprète l'éloge comme une gentillesse plus ou moins imméritée. (Voire une manipulation ou une moquerie si on est parano).

    2) L'encouragement à poursuivre (subtil ou pas) signale le boulimique du compliment. Une boulimie qui procède d'un narcissisme négatif, d'un besoin d'éloges pour combler un déficit d'ego.

    3) L'accepter simplement (ou le récuser de même) est la signature d'un ego équilibré, ni souffreteux ni hypertrophié.

    Exemple au hasard :

    De dire moins de soi qu'il n'y en a, c'est sottise, non modestie. De dire de soi plus qu'il n'y en a, ce n'est pas toujours présomption, c'est encore souvent sottise.

    (Essais II,6 De l'exercitation)

     

    Il y a du charlatan en quiconque triomphe dans quelque domaine que ce soit.

    C'est vrai le triomphe est souvent le fait d'une auto-promotion persévérante. Et pour ne pas se lasser de faire l'article de soi, il faut croire à son propre boniment, ou au moins y prendre plaisir. Ce qui définit le charlatan.

     

    Le sens aigu du ridicule rend malaisé, voire impossible, le moindre acte. Heureux ceux qui n'en sont pas pourvus ! La Providence aura veillé sur eux.

    Rend malaisée l'action, et ajoutons d'après la phrase précédente, malaisés aussi beaucoup de discours. Le sens du ridicule a beaucoup à voir avec la lucidité. Ce que je sais démolit ce que je veux. (C'est lui qui souligne)

    Peut être aussi que ce que je sais démolit mon envie de le dire.

     

    Il m'est impossible de savoir si je me prends ou non au sérieux. Le drame du détachement, c'est qu'on ne peut en mesurer le progrès. On avance dans un désert, et on ne sait jamais où on en est.

    Si tu te prends au sérieux ? Poser la question est un peu y répondre.

    Mais que le détachement soit par définition non quantifiable ni « traçable », voilà qui est très juste. Les non-dupes errent au désert du détachement.