« Confinement 1481 de confiner

1)Action de confiner. Spécialt méd interdiction à un malade de quitter la chambre. Voir quarantaine.

2)Phys nucl limitation du volume accessible à des particules, dans une installation nucléaire. Barrière de confinement : dispositif destiné à empêcher ou limiter la dispersion des matières radioactives. »

C'est vrai j'y pensais pas* mais manquerait plus que ça, l'accident dans une centrale nucléaire, et la dispersion subséquente de matières radioactives. D'un côté va savoir ça tuerait peut être le virus. (Mais bon ce test-là on n'y tient pas).

Bref le moins qu'on puisse dire, c'est un gros mot, confinement. Un mot lourd, pesant, oppressant. Pas beau non plus. Bien que la chose soit utile.

Je sais, confinement est le mot technique, mais quand même c'est dommage qu'on n'ait pas trouvé autre chose.

Intello : pratique philosophique pascalienne. Un peu long je vous l'accorde. Mais considérons qu'on peut l'acronymer PPP ou mieux P3 (j'aurais dû faire l'ENA, non ?).

Littéraire : pleine oisiveté montaignienne**. POM pour les énarques.

Musical : POM POM POM POM.

Épicurien : goûter le quotidien.

Ferroviaire : tous gêner virus.

Conditionnel : immobilité forcée.

Mathématique : tangente à l'infini (un peu tiré par les cheveux d'accord, mais à la guerre comme à la guerre).

*Oui je rigole en fait j'y pense de temps en temps (et puis j'oublie heureusement) ainsi qu'à l'inondation, l'incendie, le tremblement de terre, le bug informatique mondial … (Et tu es prié, lecteur, de ne pas moquer ma grande dévotion à Ste Angoisse).

**« Dernièrement que je me retirai chez moi, délibéré autant que je pourrai, ne me mêler d'autre chose que de passer en repos et à part ce peu qui me reste de vie, il me semblait ne pouvoir faire plus grande faveur à mon esprit, que de le laisser en pleine oisiveté, s'entretenir soi-même, et s'arrêter et rasseoir en soi. Mais je trouve qu'au rebours ... » (Essais I,8 De l'oisiveté) 

À propos des noms, ceux des médocs (ou supposés médocs, ou médocs putatifs) sont pas mal non plus.

Mon préféré est Tocilizumab, un nom pour dieu aztèque.

« Ô grand Tocilizumab, daigne te manifester en ce labo, prends possession de ce rat porteur du Virus impie pour l'en délivrer, et nous par la même occasion. »

Ritonavir sera désormais un must dans les cours de récré.

« Il était un ritonavir-re Il était un ritonavir-re

pour toi qu'es con-con-con-contaminé ohé ohé

Ohé ohé le rito, le rito nargu' le covid dans les hostos

Ohé ohé le rito ... »

Chloroquine et hydroxychloroquine feraient un malheur en duo de clowns.

« Alors Monsieur Chloroquine, comment ça va-t'y ce matin sur ta paillasse ?

- Et toi là sur ton matelas, Monsieur Hydroxychloroquine ?

- Ben j'ai encore du sarsss dans tous mes brasss qu'en dis-tu yau de poêle ?

- Oh lala lala t'as mal au bras ? Poil au bras !

- De quoi de quoi tu sais pas ça, les bras c'est des groupes de tests !

- Poil aux testés alors ! Pouêt pouêt ... »

Remdesivir : rend le service de diviser le vir.

Lopinavir : dans son lopin n'a pas de vir.

Kevzara : que sera sera, virus virera, au hasard ou pas, que sera sera ... *

« 3(1988) Virus informatique : instruction introduite dans un programme, pouvant entraîner des troubles de fonctionnement, voire des pannes majeures, et contaminer d'autres systèmes informatiques. Voir ver. Virus qui se propage par courriel, détecteur de virus. »

Et puis il y a la rumeur qui perturbe notre immunité aux bobards, l'infox justement dite virale qui infecte les réseaux.

« 4 Loc. Fig. Le virus de : un goût très vif, très fort pour (qqch). Il a attrapé le virus de la course automobile. »

Oui mais alors comment dire pour un dégoût très vif : antivirus contravirus vaderetrovirus ?

J'ai attrapé le vaderetrovirus des délires complotistes et autres germes pathogènes circulant sur les résasociaux.

*NB : ce bras de trois sujets a été traité selon le procédé souple mantique de Michel Leiris.

« 2 (suite)Virus de la rage, de la poliomyélite, de la fièvre jaune. Virus du sida. Voir HIV, LAV, VIH.

Virus mutant, maladie à virus. Voir viral, virémie.

Virus lent, qui ne produit ses effets qu'après une dizaine d'années.

Virus qui infecte un autre virus. Voir virophage.

Substances actives contre les virus. Voir antiviral. »

Je remarque que le virus se nomme volontiers par un acronyme. Et je le comprends, ça vous pose. Ça vous a un petit côté nom d'agent secret. Ou code de banque suisse, ou encore mieux arme de destruction massive.

Ainsi le « nôtre » SARS CoV-2 : on dirait un nom d'ogive nucléaire.

- Commandement ARN à base nucléique SARS CoV-2. OK pour diffusion ?

- Base nucléique à commandement ARN. OK.

- ARN à BN. Armez capside SRAS CoV-2. Je répète armez capside SARS CoV-2.

- BN à ARN. Capside armée. Je répète : capside armée.

-ARN à BN. Vous avez pas mégoté sur la charge virale, hein ?

- BN à ARN. Non chef non. Pour qui vous nous prenez ?

- ARN à BN. OK diffusez !

Cette histoire de diffusion me fait penser à un truc.

On dit le virus circule. Expression inexacte.

En fait c'est nous qui circulons, et lui, le parasite, ne fait que nous prendre pour véhicule, planqué dans un coin de cellule comme le passager clandestin dans la soute du cargo.

(D'où l'intérêt du confinement et des gestes barrière).

Écrivant c'est nous qui circulons je pense à ces vers sublimes de Ronsard

Le temps s'en va Madame,

Le temps s'en va ? Las non,

Mais nous nous en allons,

Et tôt serons étendus sous la lame.

Soit dit sans casser l'ambiance.