Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pas capital (2)

 

Fair play

 

Montaigne conclut son chapitre 39 du livre I, intitulé De la solitude, par ces mots :

Ayant entendu les vrais biens, desquels on jouit à mesure qu'on les entend, s'en contenter, sans désir de prolongement de vie ni de nom. Voilà le conseil de la vraie philosophie, non d'une philosophie ostentatrice et parlière.

 

Le verbe entendre s'entend au double sens de comprendre et tendre vers, tendre à réaliser.

Avec comprendre, le jeu se joue à l'atout « vrai ». Pour cela, choisir comme partenaire une philosophie ni ostentatrice (pas du genre à frimer ou bluffer) ni parlière (pas du genre qui ergote et se paye de mots).

Avec le sens de tendre vers, on joue à l'atout « volonté » avec son horizon d'effectivité, d'action sur la réalité, les choses concrètes. Ce que Spinoza appelle l'agir. Cette partie se joue à l'atout éthique (ethos =comportement).

 

Mais là où ça tique avec l'éthique, c'est que l'équipe adverse (celle que Spinoza appelle le pâtir) passe son temps à bluffer en balançant à tout va des représentations qui floutent la réalité. Résultat on peut faire du mal en croyant qu'on fait du bien, et vice versa, c'est le cas de le dire. C'est d'ailleurs ce que dit Spinoza, histoire de se justifier de faire un si gros bouquin pour enfoncer des portes que pour sa part il voit ouvertes.

 

La question est donc de sortir du flou. Mais comment ? Monsieur des Essais pose ici un critère : Desquels on jouit à mesure, s'en contenter, sans désir de prolongement de vie ni de nom. Le critère c'est la jouissance.

 

Qui dit jouissance dit usufruit. L'enjeu de l'éthique est là, et non dans l'appropriation des biens en question, leur constitution en capital, en assurance vie (terrestre ou éternelle), ou, à défaut, en célébrité posthume, prolongement de vie ou de nom.

L'éthique, c'est tout au comptant.

 

Qui dit jouissance dit aussi, surtout, joie. Les vrais biens on s'en contente.

L'éthique c'est tout au content.

 

Ce qui donne du côté de chez Spin :

La béatituden'est pas la récompense de la vertu, mais la vertu-même ; et ce n'est pas parce que nous réprimons les désordres du désirque nous jouissons d'elle, c'est au contraire parce que nous jouissons d'elle que nous pouvons réprimer les désordres du désir.

Spinoza, Ethique 5°partie (et dernière) : De la puissance de l'intellect, autrement dit de la liberté humaine, Proposition 42 (et dernière).

 

Et de conclure, un rien narquois : Si maintenant on trouve très difficile le chemin, du moins peut on y aller en repérage …

Dont acte.

 

A suivre.

Commentaires

  • Voui, presque d'accord pour penser que la béatitude est la vertu, pourquoi pas, on n'a pas essayé, mais où que c'est qu'elle prend sa source, la béatitude ?

Les commentaires sont fermés.