La joie est en tout ; il faut savoir l'extraire. (Confucius)
L'extraire ? Pour en faire quoi ? Une joie d'alambic bien distillée, à siroter tranquille ? Isoler une essence de joie dont on parfumera son petit home ou sa grande âme (ou l'inverse) loin du monde laid et de ses puanteurs ? Une sagesse version Harpagon ? Si la joie est en tout, eh bien y aller voir, en tout. Voir si la joie y est, voir à y être joyeux.
Moralité : extraire, non, exister, oui.
C'est être bien riche que de n'avoir rien à perdre. (Proverbe)
Sauf qu'on a quand même toujours au moins une chose à perdre, que l'on sait fatalement devoir perdre, oh rien, une broutille : la vie. L'angoisse de perte, et par conséquent l'aspiration à s'enrichir, à se faire un petit ou grand pécule, une assurance de quoi que ce soit (argent bien sûr, richesses matérielles, mais aussi richesses symboliques telles que pouvoir, considération, ou même connaissance et culture) reposent en dernière instance sur l'angoisse de cette perte ultime et inéluctable. Avec cette perte en ligne de mire, on n'en aura jamais assez, on manquera toujours.
Comment être riche alors ? En prenant la question par l'autre bout, en considérant qu'on a rien à gagner. Rien de spécial j'entends, rien dont on se dise « c'est ça ou rien ». A ce moment-là, on peut prendre tout ce qui vient en se disant : de toutes façons c'est du bonus.
Objection : oui, oui, mais n'est-ce pas une parole, non d'or, mais de vermeil, comme la carte du même nom ? Une sagesse bonne pour les mémères dans ton genre ? Quoique. Il y a paraît-il des pépères qui veulent gagner plein de choses encore, comme des élections, des guerres contre le terrorisme ou le chômage ... Mais surtout n'est-ce pas démobilisateur quand on est jeune ou seulement « encore jeune » de se dire qu'on n'a rien à gagner ?
Objection retenue. Ce que j'en dis, c'est pour moi qui suis dans la dernière ligne droite. Quant à vous les jeunes, profitez que vous n'avez pas encore d'arthrose, et mettez-vous la barre plus haut.
Vous n'avez rien à perdre.