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Horizon démocratique ?

 

Je trouve que les premiers sièges sont communément saisis par les hommes les moins capables, et que les grandeurs de fortune ne se trouvent guère mêlées à la suffisance (à la capacité).

Essais I,23 De l'institution des enfants.

 

C'est clair. Bien vu. Bien envoyé. On pense d'emblée aux vulgaires vaniteux cyniques et âpres au gain qui nous gouvernent depuis quelques décennies, tous partis confondus. Mais non ce n'est pas du populisme, c'est de la lucidité.

Quand Montaigne écrit cela, c'est au coeur du système C comme castes, aristocratie, monarchie de droit divin et autres errements encore très en forme à son époque. Il pouvait l'écrire, lui, avec un certain optimisme, en se disant qu'on finirait par mettre au point un meilleur système.

L'ennui, c'est que nous qui en sommes au système D comme démocratie, nous pouvons entièrement souscrire encore à cette phrase. D comme décourageant. Tout ça pour ça. La gangrène démagogique qui prolifère dans le corps démocratique. Le cynisme de tant de « responsables » (sic) politiques qui, comme ceux cités plus haut, vivent tels de gros rats sur le fromage en prêchant l'abstinence à la masse des petits rongeurs plus faibles. La fatuité des prétendus savants ou soi disant penseurs qui édictent les cadres du conformisme à l'usage de « l'opinion publique ». Le sourire grimacier des fils de pub ou des ravis du divertissement qui décervèlent en se prenant la tête. Le conformisme béat du consommateur marqué au logo de Panurge. L'effrayante résignation des perdants à leur défaite.

Le plus terrible, c'est que le le pouvoir n'est pas, à proprement parler, pris par les dominants, il leur est abandonné par le citoyen conditionné à s'identifier à eux. Cela ressemble, comment dire, oui c'est ça, à une servitude volontaire. C'est terrible, mais c'est logique. Le Marché disqualifie nécessairement deux ou trois broutilles du genre vérité, sens du bien commun, justice, dignité. Donc le pouvoir est nécessairement pris par les menteurs, les tricheurs, les rameneurs de couverture à soi, les piétineurs d'autrui plus faible que soi, les après moi le Déluge.

Oui bon, ça sert trop à rien de dire ça, vaudrait mieux agir. Mais enfin ça fait quand même du bien de le dire. Agir comment ? That is the question.

J'ai lu l'opuscule de Dany Cohn-Bendit intitulé Pour supprimer les partis politiques !? (la double ponctuation, du Dany tout craché …) et sous-titré Réflexions d'un apatride sans parti. (Editions Indigène fév.2013). Analyse parfaite, vision très claire des axes d'action à privilégier, ce qui est déjà important, certes. Mais la question du comment reste entière. Inefficience, voire nuisance du fonctionnement politique actuel confisqué par une caste de partidaires professionnels : oui, c'est vrai. Mais alors comment et avec qui créer le rapport de forces pour que le système démocratique se refasse une santé ? Sur quels ressorts agir dans les structures comme dans les individus ?

 

Commentaires

  • Il y a bien longtemps que je pense que c'est inutile d'essayer de lutter. Il faut voter quand on nous demande notre avis, et tout le reste le faire soi même avec le petit pouvoir que l'on a à notre niveau. On est jamais mieux servi que par soi même. Oui c'est décourageant et injuste et on peut se rendre malade ou se battre contre des moulins à vent ou bien laisser tomber et faire ce que l'on sait faire (écrire ?), s'engouffrer dans les bonnes idées (opportunisme OKay) de ceux qui en ont sans attendre des miracles qui ne viendront jamais. On ne changera pas le monde mais on peut faire quelque. Enfin ce n'est que mon avis, on ne déplace pas des montagnes mais on peut faire des ricochets avec un caillou...

  • En lisant ton commentaire je me dis que la lucidité, le pragmatisme sont les meilleures bases de lutte. Car c'est vrai que lutter n'est pas forcément brandir une arme, une banderole, et qu'à vouloir hurler plus fort que les loups il se peut que l'on devienne loup soi-même. Le tout bien sûr est de trouver les petits cailloux que l'on a chacun à sa disposition.
    Et pour ceux dans mon genre qui sont définitivement inaptes à l'action ou l'engagement, restent peut être les mots. Mais bon il y a des jours où je me dis que les mots sont un alibi. (Sans compter que qui lit les miens ?)
    "Et tel fait des Essais qui ne saurait faire des effets" je crois que M. dit ça au chap III,9. Sauf que lui, bien sûr, ses Essais ont vraiment fait avancer le schmilblic. Ou au moins aidé certains à vivre .

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