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B.attitude (16) Le triangle DJT

 

Lors du dernier épisode, nos héros sont entrés au pays des affects par une arche triomphale crypto-biblique, dans l'euphorie de deux concepts aussi grandioses qu'abscons. Cependant, face à la rugueuse réalité (Rimbaud, who else?) de leur quotidien pas toujours si plusbellela vie que ça, ils se demandent si cette série ne commence pas à planer grave, alors que Spin leur avait promis du concret géométrique.

 

OK les gars on va faire dans le géométrique précis concis.

Par affects j'entends les affections du corps qui augmentent ou diminuent, aident ou répriment, la puissance d'agir de ce corps, et en même temps les idées de ces affections.(Part 3, déf 3)

L'affect est donc, comme on l'a déjà dit, la force d'impact entre boules de billard, aussi bien dans le plan réel, charnel, des corps, que dans celui, abstrait et imaginaire, de leurs représentations en idées. Comme toute force, il se caractérise en deux paramètres : intensité et direction.

 

Tout la machine des affects dans l'Ethique fonctionne par combinaisons de ces deux paramètres.

L'intensité de la force permet de distinguer les affects actifs des affects passifs. Les affects passifs diminuent la puissance, et les actifs l'augmentent.

La direction de la force permet de distinguer ce qui va dans le sens du conatus, ce qui l'aide, de ce qui va à son encontre, le freine, le réprime.

 

Le moteur de la machine est le désir (cupiditas), moteur démarrant sous un impact quelconque dans notre jeu de billard autodéterminé.

Le désir est l'essence-même de l'homme en tant qu'on la conçoit déterminée, par suite d'une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose. (Part 3 déf 1 cf B.2) J'y embrasse ensemble tous les efforts (conatus) de la nature humaine que nous désignons sous les noms d'appétit, volonté, désir ou impulsion (nomine appetitus, voluntatis, cupiditatis, vel impetus) (…) lesquels varient en fonction des variations de l'état d'un même homme, et il n'est pas rare de les voir tellement opposés entre eux que l'homme, tiraillé en des sens divers, ne sache où se tourner. (Explication de la déf 1).

 

Il y a deux autres affects de base, qui déplacent le curseur dans des sens opposés sur l'échelle mesurant la puissance.

La joie est le passage de l'homme d'une moindre perfection à une plus grande (déf 2)

La tristesse est le passage de l'homme d'une plus grande perfection à une moindre. (déf 3)

Ni joie ni tristesse ne sont des valeurs absolues, mais bien des différentiels de perfection ( = d'adhésion à la substance). C'est donc le passage, le mouvement du curseur qu'il faut repérer.

 

D'où les procédures qui balisent le parcours éthique

1/ repérer quand le moteur Désir se met en marche

2/ observer dans quelle direction il déplace le curseur Joie/Tristesse

3/ ramener ce curseur à un niveau compatible et si possible favorable pour son conatus.

 

On voit ici l'utilité de la connaissance adéquate pour faire un juste repérage, et celle du système vertu/raison/conatus pour agir sur le curseur. Faute de quoi on reste tiraillé en tous sens, en proie aux flottements d'âme. Et alors, même si on passe à toutes sortes d'actes, on n'est pas actif, et même si on croit s'affirmer, on se dé-nature (P 4, prop 33-34 cf B.2).

En tant qu'ils sont en proie aux affects qui sont des passions, les hommes peuvent être contraires les uns aux autres.

C'est en tant seulement qu'ils vivent sous la conduite de la raison que les hommes nécessairement conviennent toujours par nature.

 

Ces procédures signent l'optimisme et la force affirmative de Spinoza : chercher la joie, fuir la tristesse, même par essais et erreurs successifs (faut pas rêver quand même) nous rend parfaitement vivants de vie substantielle.

Comme la raison ne demande rien contre nature, c'est donc elle-même qui demande que chacun s'aime lui-même, recherche son utile, ce qui lui est véritablement utile, et aspire à tout ce qui mène l'homme à une plus grande perfection (perceptible dans l'affect joie), et, absolument parlant, que chacun s'efforce, autant qu'il est en lui, de conserver son être.

 

Je vais vous dire, moi perso je demande pas plus.

 

A suivre

 

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