Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Esprit de corps

« J'ai mon mot à dire à ceux qui ne considèrent pas le corps (Leib). Ce qu'ils doivent, à mon avis, ce n'est pas changer leur leçon d'élèves ou d'enseignants, mais dire adieu une bonne fois à leur corps – ce qui les rendra muets. » (Ainsi parlait Zarathoustra. Des contempteurs du corps)

 

1) Le scénario de Zarathoustra n'est pas sans rapport avec celui du Kill Bill de Tarentino. De discours en discours, une série de règlements de comptes. Le récurrent ainsi parlait Zarathoustra n'est-il pas l'équivalent d'un « ça, c'est fait », d'un nom rayé sur la liste à chaque étape ?

 

2) Contempteurs, traduction vraiment littéraire. Mais que dire ? Négligents, dédaigneux ? Est désignée une conduite d'évitement du corps. Or qui dit évitement dit ? - Défense contre une obsession ? - Oui, bravo, vous pourrez revenir en 2° semaine de la Freud Academy. Nietzsche aussi d'ailleurs, qui précise verachten macht Achten, disons « le mépris fait l'emprise ». Ou plus loin « il y a de l'envie inconsciente dans le regard oblique de votre mépris ».

 

3) Zarathoustra a les oreilles échauffées par tous les corbeaux dénonçant les torts du corps. Ah leur clouer le bec ...

On sait les cibles de Nietzsche à son époque : moralistes, philosophes et religieux, pétris de mauvaise foi, de ressentiment, de déni. Obsédés du sexe mais incapables d'amour, ne sachant jouir que de violence réelle ou symbolique. Comme on aimerait que tout cela soit dépassé, ces vieilleries névrotiques antéfreudiennes, et avec elles la kill-list d'un fils de pasteur rigoriste. Las ! Ils ne sont pas tous morts, les mépriseurs de corps, ni muets. Saccageurs de corps, tortionnaires, violeurs, qui envahissent d'images et de délires verbaux les écrans et les éventuels cerveaux auxquels ils sont reliés.

Côté contemption plus soft avec ses dégâts moins graves mais quand même : résurgence de l'ascèse religieuse dans le régime punitif, le dressage « sportif » du corps (et son envers sinusoïdal de malbouffe ou d'abandon dépressif). Corps dopé pour tenir dans d'absurdes exigences narcissiques et le diktat productiviste capitaliste. Bref le corps est bien malmené, car il est en première ligne face à la réalité. Elle est plus forte que nous, nous voudrions être plus forts que lui.

 

« Tu dis 'moi' et tu es fier de ce mot. Mais il y a quelque chose de plus grand, à quoi tu refuses de croire, c'est ton corps et sa grande raison ; la raison du corps ne dit pas moi mais le fait ».

 

Nietzsche, le roi des aphorismes qui parlent mieux qu'un long discours.

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.