« Le pire ce sont les pensées petites. Vrai, plutôt avoir fait mal que pensé petit ! D'accord vous dites : 'le plaisir pris à de petites méchancetés nous en économise beaucoup de grandes'. Mais ici il ne faut pas vouloir économiser .»
(Ainsi parlait Zarathoustra. Des compatissants)
Houps ! Peut être que je pense petit, mais voilà des phrases à ne pas mettre dans toutes les oreilles, à mon humble avis. Genre le jeune qui se la joue rebelle et qui sautera sur l'occasion : au lieu de s'en tenir au petit plaisir de faire la gueule à ses parents ou à ses profs, il risque d'aller direct sur la grosse connerie, la violence crapuleuse et/ou idéologique qui fait tant de dégâts par les temps qui courent. Vous me direz avant que le jeune en question ouvre un bouquin de Nietzsche … (Voire ouvre un bouquin tout court, vu qu'il préfère aller se faire décerveler par le moins net du net …)
Reste qu'il n'y a pas foule en ce bas monde pour songer à s'économiser côté méchanceté. Au contraire que de persévérance à dépenser sans compter ! Et sans trier : petites, grandes choses, pourvu que ce soit du mal des maux du mauvais ...
Dans les phrases suivantes Zarathoustra précise ainsi sa pensée :
«Voyez, je suis maladie – ainsi parle l'action mauvaise ; voilà qui est loyal de sa part. Mais la pensée petite est pareille à la moisissure : elle rampe et se tapit et prétend n'être nulle part - jusqu'à ce que le corps entier soit tout pourri et flétri de petits champignons. » (Beurk!)
Autrement dit : « l'acte mauvais annonce la couleur (donc il a au moins un bon point pour lui, une forme de vérité), alors que la pensée petite fait dans l'hypocrisie ». Je crains que nous ne soyons ici dans une sorte de sophisme. Car, au regard de n'importe quelle pensée (petite grande bonne mauvaise), n'importe quel acte (petit grand bon mauvais) a forcément l'avantage d'être vrai. Vrai car dans la réalité. Alors que la pensée reste cachée tant qu'elle n'a pas été formulée, ou qu'elle n'a pas produit son effet dans la réalité.
Bref ce qu'il y a de plus clair derrière ces déclarations aussi paradoxales que provocatrices de Zarathoustra, c'est juste sa haine du mensonge et de la dissimulation. On me dira c'est essentiel. Pas faux. Il y a en outre un point commun avec l'idée d'économie : le menteur se garde la vérité (tout ou partie) sous le coude, pour la manipuler à son gré, la rentabiliser le cas échéant, en faire un instrument de pouvoir.
Et là, d'accord, Zarathoustra : c'est petit, c'est bas, c'est moisi, et ça pourrit tout.
Au fait, une anagramme pour Zarathoustra de Nietzsche : Hâtez saut dans zéro triche.