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Le complexe du cancre

Ce complexe se manifeste en particulier par le fantasme dit « de l'école qui brûle ». A la veille d'une interro, ou simplement pour éviter la lassitude des cours qui l'ennuient, et l'angoisse de ceux dans lesquels il se sent largué, mesurant la distance (croit-il) entre son manque d'intelligence et les capacités de ses camarades, le cancre se dit : si seulement l'école brûlait ! Rares cependant sont ceux qui vont jusqu'au passage à l'acte. Acte et cancre sont plutôt contradictoires : spinozistement parlant le cancre est avant tout passif.

Raison pour laquelle on le dit paresseux, sauf que la paresse n'existe pas, en tous cas pas de façon primaire. Elle est un affect secondaire, une réaction, une réponse. La solution que le cancre trouve pour éviter l'échec qu'il appréhende. Voici l'occasion de remarquer au passage que c'est à tort que la paresse est comptée au nombre des péchés capitaux : ce n'est pas un forfait, mais une déclaration de forfait. Nuance. Ledit « paresseux » ne fait que renoncer à une compétition pour laquelle il ne se sent pas à la hauteur.

 

Cet évitement se retrouve dans toutes les formes du complexe, qui est loin de concerner le seul contexte scolaire ou son prolongement professionnel. Ainsi le complexe du cancre fera désirer l'orage propre à dispenser du pique-nique inconfortable ou de la randonnée crevante en compagnie d'amis du cancre et/ou de la nature. Et ceci dans l'espoir d'éviter l'effort physique de se remuer un peu (le cancre est animal immobile), assorti de l'effort psychique de sortir de sa coquille (qu'il a en commun avec l'escargot, ce qui est logique car dans cancre il y a à la fois nacre et écran).

Autre exemple espérer qu'un AVC ou un infarctus viendront opportunément toucher votre oncle Victor ou votre tante Adèle, non par antipathie ou méchanceté, mais juste pour éviter au moins aujourd'hui la somnolente partie de Scrabble qu'en plus vous perdez toujours en cancre que vous êtes.

 

L'évitement est une solution certes, mais solution névrotique. Une solution de compromis (dixit Freud) conduisant à perdre sur les deux tableaux.

1 Marasme de la passivité renonciatrice, dépit de ne pas assumer l'effort dont vous voudriez être capable pour, précisément, vous remuer et sortir de votre coquille, vous défaire de la prégnance de la cancritude.

2 Honte de votre lâcheté : pourquoi ne savez-vous pas tout simplement dire non à ce qui ne vous attire pas, ne vous convient pas ?

 

Signalons pour finir un exemple de plus de conséquence que la vexation de Tante Adèle (regrettable au demeurant je n'en disconviens pas). Confronté à un échec social, affectif, existentiel, le cancre passe parfois à l'acte en substituant à l'incendie de l'école un attentat ou un meurtre en bonne et due forme. Prouvant par là, une fois de plus, que la vie est plus difficile à affronter que la mort. Surtout celle des autres.

 

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