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Retraite sonnée

Retraite. (fin XII° de l'ancien verbe retraire = se retirer)

1) Action de se retirer d'un lieu. Abandon délibéré et méthodique du champ de bataille ou d'une portion de territoire, par une armée qui ne peut s'y maintenir. (Voir décrochage recul repli débandade).

2) Action de se retirer de la vie active ou mondaine (1580 Montaigne)

 

La lecture de mon fidèle compagnon Robert Petit me plonge souvent dans des réflexions aussi fondamentales qu'inattendues. Ainsi je réalise tout à coup que j'ai vécu la quasi totalité de ma vie dans la retraite. A vrai dire je le savais. Mais je prenais le mot au sens dilettante du terme otium 1580 Montaigne tout ça. Voire au sens pascalien genre se retirer en repos dans une chambre pour voir si un roi sans divertissement est oui ou non un homme plein de misère. (Et c'est là qu'on est contente de n'être ni roi ni homme). Or non, ni l'un ni l'autre. Robert me révèle que j'ai vécu la quasi totalité de ma vie dans la retraite au sens clairement militaire du terme.

En quelque sorte une Berezina au long cours.

Abandonner une portion de territoire. Et pas qu'une portion, ni qu'une fois. En fait j'ai abandonné la plupart des portions de territoire où j'ai eu l'occasion de territerrer. L'abandon fut-il délibéré toujours ? Une chose est sûre il fut méthodique, appliqué, obsessionnel. Parfois même il eut quelque rapport avec la politique de la terre brûlée. Politique de la tête brûlée me souffle mon inconscient joueur, toujours prêt pour un petit lapsus. Quoi de plus logique, puisque lapsus signifie glissement. Or c'est bien ainsi que s'est constituée ma retraite, par capitalisation méthodique de glissades & décrochages, reculs & replis.

Des champs de bataille j'en ai ainsi déserté beaucoup. Les quelques-uns où j'ai combattu sont de ceux qui ne vous valent pas de médaille. Guerres de résistance menées dans la clandestinité. Mais le plus souvent j'ai d'emblée hissé le drapeau blanc. Non par pacifisme militant ni au contraire par lâcheté. Mais choisir une couleur et un camp était trop compliqué.

Théorème pacifique : Le drapeau blanc est le seul drapeau inattaquable.

Corollaire polémique : Et la page blanche le seul texte incriticable.

 

Mais voyons le bon côté des choses : cette habitude de la déroute est aujourd'hui mon meilleur atout. Mes contemporains arrivant comme moi à l'âge de la retraite, sommés comme moi de s'enrôler dans la dernière bataille, seront d'autant plus effarés devant la débâcle du grand fleuve pas tranquille, qu'ils auront eu l'habitude des victoires, des conquêtes et des positions tenues.

Pour moi, grâce à ma longue expérience de surf sur Berezina, je ne me sens pas tout à fait inapte à gérer la situation. Pas belle la vie ?

 

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