Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Six seulement

L'écriture de six, de 6 plus exactement, me met chaque fois devant un dilemme que je n'ai toujours pas résolu. Partir du bas, ou partir du haut ? Commencer par le cercle et lancer la hampe, ou bien descendre la hampe et boucler en refermant le cercle ? Étrangement aucun problème graphique de ce type pour aucun autre chiffre. Pour chacun d'eux, le trajet d'écriture va de soi, il est de l'ordre de l'évidence et de l'automatisme. Pourquoi pas pour 6 ?

- Ach j'allais poser la question ...

 

Ce qui sans conteste réjouit sans arrière pensée, c'est de voir tomber le dé sur la face six, ou de poser le double six au jeu des dominos. Au fait c'est pas le sujet, mais domino c'est un mot étonnant, non ? Étymologiquement il veut dire maître. Le rapport avec le petit masque noir ou avec le jeu ? Le jeu mettons, dans un jeu on veut gagner, être le maître donc. Mais c'est vrai pour tous les jeux, tous pourraient s'appeler domino aussi bien.

Quant au masque, l'idée c'est quoi : le maître se mêlant incognito à la foule pour s'enquérir de sa cote de popularité ? Et pourquoi le domino-masque est-il aussi appelé loup ?

 

Six me fait penser aux années soixante de mon enfance.

- Ach d'où votre Ambivalenz pour écrire ce chiffre. Le temps qui a passé inéluctablement et qu'on voudrait bien remonter ...

- Ch'ais pas, paske mon Ambivalenz pour écrire ce chiffre c'était déjà quand j'étais petite. Tiens au fait en 1966 figurez-vous j'étais en classe de sixième : le monde est petit, hein ? Euh le compte est rond, enfin …

- Ja ja continuez ...

Peut être bien que cette année de sixième a été ma préférée, parmi toutes les années d'école et ce qui s'ensuivit, depuis la maternelle. Des nouvelles matières, anglais, latin, et puis plusieurs profs au lieu d'une seule maîtresse : on passait à la vitesse supérieure, on allait commencer à jouer dans la cour des grands.

Sans me vanter la cour du pensionnat était charmante, plantée de platanes avec un préau surmonté de la galerie qui menait aux étages. Il y avait aussi un autre jardin où donnaient la chapelle et la salle d'études.

 

C'est un jour de juin 1967 dans ce jardin. La Mère Supérieure nous dit : à la messe nous allons prier pour la paix en « Terre Sainte », pour que les gens ne meurent pas, pour qu'ils arrivent à s'entendre. J'étais une enfant docile et pleine de bonne volonté (comme on change, hein ?), j'ai prié. Et vous savez quoi la guerre n'a duré que six jours. Cette fois-ci. Après j'ai compris que ni Dieu ni moi n'avaient vraiment de mot dire dans cette triste histoire. Lui pour cause d'inexistence, moi pour cause d'impuissance.

 

Reste qu'au pensionnat la prof de français avait fait ce qu'elle pouvait. Ce jour-là nous avions lu Prévert : Barbara quelle connerie la guerre.

Les commentaires sont fermés.