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Sainte Phobie

 

C'est vrai ça. Toute phobie n'est-elle pas au fond phobie des cons ? Dont la connerie, nous l'avons brillamment démontré il y a peu, ne peut qu'impliquer méchanceté, la leur, la nôtre. De même que les méchants ont une méchante tendance à nous connifier. Mettons, Dieu vous paperasse, que vous souffriez d'une phobie administrative réelle, j'entends non simulée à l'instar d'autres à but lucratif et gruge-fisc.

Glissons ici une vignette clinique qui vous sera utile en cas de rencontre avec un individu ambitionnant de démontrer son aptitude phobique, d'en valider l'expérience pour inscription dans son CV à destination d'un ministère ou quoi que ce soit : comment différencierez-vous phobie réelle de phobie simulée ?

1) Défiez-vous des signes d'angoisse que le candidat phobique sera prompt à exhiber. Crise de larmes de nerfs de tétanie, bégaiement tremblement et stupeur se simulent aisément. Sachez que, de même qu'un suicidaire évite les jérémiades, un angoissé a la pudeur de son angoisse.

2) L'illogisme obstiné du discours est un trait si répandu qu'il ne saurait constituer un critère de discrimination des cohortes de phobiques et de non-phobiques. Hochez la tête d'un air entendu et faites la sourde oreille.

3) Restent les faits. Observez les conséquences concrètes de la présumée phobie dans la vie de celui qui en fait profession. S'il y perd (temps, argent, estime de soi, autre bien matériel ou pas) il est vraiment phobique. Et c'est votre cas.

La preuve ? Soit la mauvaise foi d'un banquier retranché derrière la barrière dilatoire d'une plate-forme d'appel « Le virement (promis pour le lendemain et toujours inaccompli dix jours après) a justement été fait ce matin ». Soit l'exigence aussi rigide qu'absurde d'une administration « Votre dossier ne peut être traité en l'absence de » tel document déjà produit, et nonobstant si complètement évaporé qu'aucune trace ne s'en retrouve dans les données informatisées dont il émanait pourtant au départ. Soit la secrétaire médicale vous balançant de toute sa morgue « Mon premier créneau est dans 6 mois, je ne peux pas mieux, ah il aurait fallu anticiper » (sous-entendu pauvre nase), comme si cela lui conférait magiquement l'aura de l'équivalent bac+15 de son praticien-suzerain.

Au lieu de laisser libre cours à une ire libératoire, à un salutaire défoulement verbal sous les espèces d'un chapelet d'injures, que faites-vous ? Vous vous persuadez que l'erreur est de votre fait, vous n'avez pas su parer aux incidents de parcours du combattant (pourtant prévisibles en l'état de vos connaissances & expériences). Si bien qu'au lieu d'accabler votre (supposé) interlocuteur d'un mépris mérité, c'est vous qui faites profil bas jusqu'à une humilité euh humiliante, dans un espoir illusoire de propitiation sacrificielle.

Bref vous voici lamentablement prosterné devant cette incarnation intérimaire du Destin insondable et inflexible, et vous vous acquittez piteusement d'une dîme d'angoisse et d'auto-dépréciation, pour la plus grande gloire de votre patronne Sainte Phobie.

 

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