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Inconstance (4)

Mais Sylvestre ne voulait pas non plus se dévoiler. Il se méfiait de la curiosité malsaine qu'il pouvait susciter en ces matières. Il préféra donc s'accorder le temps de l'observation, histoire de s'assurer qu'il n'avait pas à faire à une perverse (comme il peut s'en rencontrer même chez les esprits les plus scientifiques).

Il continua donc de remplir son office aux heures voulues par l'emploi du temps, avec toute le détachement dont il était capable. Mais ne pouvait empêcher son cœur de battre un peu plus vite.

Ce que les élèves les plus perspicaces ne manquèrent pas de remarquer, mais se gardèrent de noter dans leur compte-rendu de T.P.

Mlle Fortmolle quant à elle ne se félicita jamais autant qu'en ces jours-là d'avoir une peau, et même une blouse blanche par-dessus pour cacher l'affolement de son propre cœur. Elle n'échangeait avec son assistant que des paroles strictement utilitaires et ne soutenait jamais plus d'une seconde le regard bleu Colorado.

Tant de retenue et d'émouvante pudeur eurent tôt fait de convaincre Sylvestre que si le cœur de Mlle Fortmolle battait si fort sous sa blouse blanche (ce qu'il n'avait pas manqué non plus de remarquer), c'était bel et bien sous l'effet d'un sentiment pur, au-dessus de tout soupçon de perversité.

Il décida donc de déclarer sa flamme.

 

Il choisit pour cela un jeudi, jour où Mlle Fortmolle gagnait la salle de SVT quelques minutes avant la fin de la récréation de dix heures. Comme les élèves limaçaient en général dix bonnes minutes dans les couloirs, il disposerait au bas mot d'un quart d'heure pour faire sa déclaration.

Et il se doutait qu'il n'aurait pas à s'expliquer si longtemps et que la cause serait vite entendue.

 

Mais c'était compter sans le destin, ou le hasard, on peut appeler ça comme on veut : cette chose-là, en tous cas, sans laquelle il serait masochiste et sans doute suicidaire de se lancer dans l'entreprise d'écrire des histoires.

À suivre.

 

 

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