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La journée des talents (8/8)

 

« On vous a vus, Kévin et moi, écrire la lettre : c’est vous les balances …

- Foutez-nous la paix ! C’était dégueulasse. On pouvait pas laisser …

- Ouais et le résultat c’est que Rémy aussi il est mort maintenant, le pauvre, égorgé grave, il paraît que ça pissait le sang partout …

- Trop fort ! Comme les vidéos sur internet ?

- C’est sûr c’est moche, mais pour Augustin aussi c’était ...

- Ils ont eu raison pour leur lettre : c’était un crime, les mecs, un crime !

- Oh toi, Coralyne l’intello ... »

Claire, elle, est restée seule, sous un platane de la cour, à l’écart de tout ça. Depuis avant-hier Claire a un grand trou dans le cœur. Elle revoit le regard d’Augustin, elle essaie de retrouver sur ses paumes la chaleur de sa main, elle cherche le silence pour entendre sa voix un peu rauque lui redire Ma chérie à moi 

Claire n’a dit à personne qu’Augustin c'était son amoureux, et elle ne le dira pas. Ça restera leur secret, leur lien à travers cette chose qui s’est mise entre eux. Cette chose aux voiles noirs.

                                                                                                                                       ***

« Depuis le début, tous, je les avais vus ».

Hélène sursaute. La voix, brève, basse, est venue d’un coin du bureau, dans l’ombre. Elle se retourne.

« Vous n’aviez pas vu M. de Cournonterral, Madame, je suis désolé. En fait, il allait faire sa déposition quand vous êtes entrée.

- Sa déposition ? Tu sais quelque chose, Justin ? »

D’un geste léger de la main, il se contente de désigner, sur le bureau de Gaëtan Bondil, un objet qu’elle n’avait pas vu. C’est un couteau, dont la lame triangulaire est pointée exactement vers elle.

« Poignard aztèque du milieu du XV° siècle. On voit le même représenté dans la tombe du roi Moctezuma.

- Justin ! ... Tu n'as pas fait ... ça ? » Son regard de loup. Son sourire d'ange.


"Il fallait bien que quelqu'un le fasse."

                                                                                                                      ***

Dramatique coup de théâtre et fin d'une malédiction.

Avec la succession des meurtres qui ont endeuillé le riant village de Dormez en moins de 48 heures, terrible accélération de l’actualité sous les coups de boutoir d’une folie exterminatrice ! Mais l’heure n’est pas à la philosophie, l’information doit reprendre ses droits. Le coupable de l’horrible assassinat du jeune Rémy S. s'avère être un enseignant du collège, déjà soupçonné en d’autres lieux pour une grave affaire de pédophilie. Ce dont l’enquête nous le souhaitons ne manquera pas s'étonner, c'est qu'il ait pu continuer sans coup férir son métier d’ensaignant.

« Je me garde naturellement de l’accabler, je respecte la présomption d’innocence, mais c’est un devoir d’empêcher de nuire des personnes qui, il faut bien le dire, ont un comportement plus bestial qu’humain.» Monsieur P. nous a précisé dans la suite de l’entretien qu’un groupe de personnels du collège s’était par ailleurs porté partie civile dans l’accusation.

L'infirmière confirme que sans vouloir hurler avec les loups, elle a elle-même plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme. Madame F., responsable du CDI du collège, nous a fait part de son intuition. « J. de C., j’ai vu tout de suite que ce n’était pas un bon vivant. Il y a des signes qui ne trompent pas. »

 

Hélène repose le journal. Il sort, c’est lui, voilà. Sa haute silhouette encadrée de deux policiers. Il a remis ses lunettes noires. Elle est restée dans un coin sombre de la cour. Eux, ils sont là, au milieu, au soleil. Il leur adresse un sourire. « Vous avez vu, il nous nargue, le salaud ! » s’écrie Alain Petitgarçon en mordillant furieusement sa moustache.

Justin de Cournonterral leur fait face un instant. Puis il détourne la tête et on l'emmène, sans que le sourire ait quitté ses lèvres.

Son sourire étrange et beau, son sourire d'ange.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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