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Un capitaine canon

 

L'abordage fut rapide. Le galion avait perdu ses haubans dans la bataille, il dérivait. Le bastingage était gravement endommagé, l'équipage décimé.

Les assaillants n'avaient pourtant que de vieux mousquets, mais on aurait dit que leurs armes se rechargeaient automatiquement, comme par enchantement.

Le capitaine, songeur, se disait qu'il aurait aimé vivre trois siècles plus tard et disposer d'armes vraiment performantes, de fusils d'assauts plus ou moins russes.

Et à la place de son vieux canon, il aurait bien aimé pouvoir utiliser un lance-roquettes. Voire des missiles sol air comme sauraient en fabriquer les manufactures du royaume dans ce temps futur.

On les vendrait à tous ces chefs de bande qui s'affrontaient dans des contrées à moitié désertiques, ce serait excellent pour la balance commerciale du royaume.

Pourquoi donc ces guerres incessantes, au fait ? Des légendes couraient, des trésors enfouis dans le sous-sol, une sorte d'or inconnu, noir et liquide.

Mais tout cela n'était pour l'heure que du rêve, hélas, cet âge d'or noir n'était pas encore venu. Alors, sans attendre l'invention du sous-marin à propulsion nucléaire qui lui aurait à coup sûr permis d'envoyer par le fond le vaisseau-pirate le temps de dire ouf, il fit mettre les canots à la mer.

Tandis que les pirates grimpaient à bâbord, les canots furent descendus à tribord. L'évacuation fut menée à bien dans l'ordre et le calme.

Les matelots faisaient preuve d'un sang-froid qui devait beaucoup aux exercices d'entraînement de la Marine Royale : simulation de catastrophe naturelle, répétition de plan Orsec, anticipation d'attaque terroriste biologique.

En outre l'un d'eux, rescapé du Titanic, maintenait le moral de ses camarades en leur assurant que la rencontre d'un iceberg en pleine mer des Caraïbes était totalement exclue.

Le capitaine, pourtant lecteur assidu des rapports du GIEC, préféra ne pas aborder la notion de réchauffement climatique : les circonstances appelaient l'action immédiate plutôt que le débat de fond, surtout si l'on voulait éviter d'y sombrer.

Au bout d'une heure, le canot suffisamment loin du navire et des hurlements des pirates, on n'entendit plus, sur l'onde et sous les cieux, que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence les flots harmonieux.

Le capitaine sentit une grande paix l'envahir, et murmura pour lui-même :

« Ô temps suspends ton vol ».

Au-dessus d'eux, un albatros passa.

 

 

 

 

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