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Un monde de brutes

 

« La cour est un édifice bâti de marbre ; je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis. » 

La Bruyère Les Caractères (De la cour 10)

 

Voilà qui est vraiment joli. C'est dans ce type de sentences lapidaires (c'est le cas de le dire, s'agissant de marbre) que La Bruyère est le meilleur, je trouve.

Lisant ceci, je ne sais pas vous, mais je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec nos cours actuelles. Dans les cours siégeant à l'Élysée, au Palais Bourbon ou à celui du Luxembourg, ou encore dans les conseils d'administration, dans l'empire des firmes ou des banques, on fait aussi dans la dureté.

Et pour la politesse on repassera.

Tout comme, soit dit entre nous, à la Cour de Loulou le Versaillais : le marbre n'est poli qu'en surface. Car ce qui est en jeu est une politesse qui ne se prouve ni ne s'infirme par des signes extérieurs. Une politesse qui est le contraire d'épaisseur, bourrinitude, bassesse morale.

La vraie politesse, celle du cœur comme on dit, du coeur attentif.

Tous ces gens-là, dans un palais ou l'autre, en sont ignorants bien au-delà de leur langage de charretier et de leurs façons vulgaires. Qui ne seraient pas si graves, d'ailleurs, s'il s'agissait d'une stratégie éthique semblable à celle des philosophes cyniques, ou encore mieux, d'un jeu gratuit.

Mais qui parmi eux connaît le mot de philosophie ou de gratuité ?

Leur impolitesse est le symptôme criant de leur faiblesse d'ego, de leur déficit de mérite personnel.

On me dira on ne voit pas comment ils ne seraient pas à l'image du quidam lambda, lui aussi plus souvent qu'à son tour dur et ignorant de la politesse du cœur.

Pratiquant le même orgueil rampant, aplati devant plus fort que lui, dominant à bon compte le faible (enfant, femme, handicapé, immigré, bref toute personne passible d'une quelconque dépendance).

 

Conclusion ?

Notre société est un édifice de béton ; on peut dire qu'elle est composée d'hommes fort durs et vraiment bruts.

 

- Scrogneugneu ?

Euh, c'est vrai, tu as raison, lecteur : je crains que cette lecture de La Bruyère ne soit en train de m'aigrir grave. Ou peut être est-ce l'air du temps ?

 

 

 

Commentaires

  • Aïe aïe aïe ! Déjà ?
    Et il te reste encore Chamfort et La Rochefoucauld.

  • Je ne les ai jamais vraiment lus, et le pire c'est que tu ne crois pas si bien dire : je songeais à me mettre un peu à La Rochefoucauld, dans le genre joyeux drilles. Mais je pense que je vais renoncer, pour le moral de tout le monde ...

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