« En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît. »
Ah les proverbes & dictons du domaine météorologique ...
Que serait le sens commun ou les échanges entre voisins sans eux ? La motivation rationnelle de leurs allégations laisse à désirer, certes.
Mais quel terrain fertile à la fleur de rhétorique !
Dont ils pratiquent la culture intensive, se fichant bien pas mal d'aboutir à des images surréalistes.
À la sainte Luce, les jours croissent du saut d'une puce.
Ça voudrait dire quoi ? Comme Arletty sa gueule d'atmosphère, le jour aurait un look de puce ? On voit bien qu'on a juste cherché la rime.
On pourrait faire remarquer qu'il y en avait de plus flatteuses.
À la sainte Luce, s'effilochent les cumulus.
À la sainte Luce, Nemo sort du nautilus.
Oui je sais les puristes diront que ce n'est pas une vraie rime, juste à l'oreille. À quoi je rétorquerai
à la sainte Luce on ne manque pas d'astuce.
Cela dit j'exagère un peu. Les proverbes de cette catégorie ne sont pas tous entièrement dépourvus de sens.
Noël au balcon Pâques au tison s'appuie ainsi sur la croyance ô combien rationnelle en une justice transcendante, qui veillerait entre autres équilibres à celui des moyennes annuelles de température.
Et qui par la même occasion révélerait son penchant pour une morale sadique. « Vas-y, profite de l'hiver doux, mon ami : ça se payera. Eh eh. »
À moins qu'il ne s'agisse d'une ébauche de réflexion sur l'incidence météorologique locale du réchauffement climatique global.
En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît.
Je m'avise que ce proverbe ne déparerait pas les pages vie pratique d'un magazine féminin aux côtés de :
En octobre change de garde-robe, en novembre apprends la viole de gambe.
En décembre mange du gingembre, en janvier plante un goyavier.
En février fais le poirier, en mars change de godasses.
En juin achète un drap de bain, en juillet va t'ensoleiller.
En août loue un igloo, en septembre mets ton collier d'ambre.