Mais n'est pas sans parenté avec quoique. C'en est un cousin.
Mais un cousin plutôt discret. Il n'investit pas la phrase bille en tête en faisant claquer un son heurté, il s'y glisse dans un minimum articulatoire flirtant avec le murmure.
Discret mais d'autant plus efficace. S'insinuant dans l'esprit de l'auditeur sans le mettre sur ses gardes.
Si l'on s'en tient à l'étymologie (mais vient de magis = plus), son apparition dans le discours ne devrait pas conduire à polémiquer mais à construire.
Mais intervient pour apporter une pierre de plus, un élément supplémentaire au débat, un regard augmenté sur la situation.
Élément supplémentaire, mais à tendance clairement complémentaire.
Il s'agit de chercher un équilibrage. Mais est un modérateur.
Ce verre est à moitié vide. Mais n'est-il pas à moitié plein ?
Nonobstant ce caractère modérateur, il n'est cependant pas rare qu'on l'utilise à des fins d'opposition tranchée.
Voire à des fins de défense (depuis la tranchée).
Non mais ! Vous me prenez pour qui ?
Ah mais non ! Non et non ! Pas du tout ! Ça me ferait mal !
Quant à la minimalité sceptique de Oui Mais non ou de Non Mais oui elle a toute ma faveur, ayant de fortes chances de nous embarquer dans une cascade de quoique.
Que dis-je une cascade : un buffet d'eau, une cataracte.
Un Niagara de quoique.
Buffet d'eau je l'ai trouvé dans mon dico des synonymes. Ça en jette, hein ?
Une métaphore pour un style grandes orgues hugoliennes plutôt que petite musique durassienne.
Mais bon y a des moments faut oser, faut y aller.
Des moments où se sent obligé de se mettre au diapason de la traversée de la cour du Louvre sur l'Hymne à la joie.