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Poker face

 

« Ne laissons pas entendre dans nos propos que nous savons qu'on nous trompe. Ne laissons pas voir sur notre physionomie que nous sentons qu'on nous offense. Nous en retirerons une délectation infinie et un inépuisable profit. »

Hong Zicheng (Propos sur la racine des légumes I,126)

 

Voilà un propos qui vient compléter le précédent, le propos I,162.

Et le complexifier. Y a de la chinoiserie dans l'air ou je m'y connais pas.

Quoique. Peut être au contraire est-ce une simplification à toute épreuve.

La base du toujours fort utile Machiavel pour les nuls.

Car le machiavélique ne grimace pas en faisant eh eh.

Le machiavélique porte son masque de poker face en toutes circonstances.

Quel que soit son état d'esprit, que l'on soit confiant ou pas, sincère ou pas dans son attitude confiante, c'est vrai qu'on n'a rien à perdre à afficher l'impassibilité. Et même, dit Hong, on a tout à gagner.

En profit sonnant et trébuchant, et aussi en plaisir. Une délectation infinie.

Le profit, c'est clair. Celui qu'on trompe mais qui fait genre qu'il le voit pas a évidemment une longueur d'avance. À malin malin et demi : adage valable à Pékin comme à Paris ou n'importe où.

Une longueur d'avance qui lui permettra d'anticiper pour se défendre efficacement de la tromperie. Et plus si affinités.

Genre passer à l'attaque lui-même, par esprit de vengeance ou pour toute autre (aussi bonne) raison.

Mais la délectation, en quoi consiste-t-elle ?

Pour ma part j'y vois le plaisir paradoxal du bon comédien, qui incarne au plus près son personnage, mais sans y être collé. Plaisir du second degré. Voir le pas-malin jouer au malin, se voir malin feintant le pas-malin. Précisément en simulant la pamalinitude dont il se croit exempt. (On arrive au 3° degré là).

Un spectacle drôle. Quoique un peu grinçant je vous l'accorde.

Quoique. Que le rire soit jaune ou noir qu'importe c'est du rire.

 

L'éthique c'est comme le vin, y en a qui l'ont triste, y en a qui l'ont gaie.

Sauf que pour le vin on n'y peut pas grand chose, alors qu'on peut choisir son éthique.

Nausée garantie avec désespérés & moralistes grincheux (je vous en épargne la longue liste) ou joyeux trip avec disons au hasard Spinoza, Nietzsche, Montaigne.

 

 

 

 

 

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