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I can't get no ...

En ce monde, il n'y a que deux véritables tragédies. La première est de ne pas obtenir ce que l'on désire, et la seconde est de l'obtenir.

Oscar Wilde (L'éventail de Lady Windermere)

 

Comme il y a des antibiotiques à spectre large, il y a des aphorismes passe-partout.

Dans la vie moderne, rien ne fait autant d'effet qu'une bonne platitude. Aussitôt, tout le monde a l'impression d'être en famille. (Un mari idéal)

J'adore cette phrase, elle est juste et très jolie. Savourer une bonne platitude, ça délasse. C'est comme passer sa robe de chambre et ses pantoufles après la soirée en talons hauts et robe ajustée (ah je vois que ça vous parle).

Cependant ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : ce n'est pas parce qu'une idée est plate qu'elle est fausse.

(Contrairement à la terre) (quoi absurde?) (parce que vous croyez que la terre est plate, vous?) (bon alors).

 

Bien sûr, oui : désir satisfait = contradictio in terminis.

Même quand on obtient ce qu'on désire, on voit vite que finalement c'est pas ça. Pas vraiment, pas tout à fait. Le désir se déplace sur un autre objet.

Indéfiniment (disons jusqu'à la mort, après on sait pas).

C'est que, explique Lacan, dans l'objet désiré ce n'est pas sa nature qui est en jeu (en clair ça peut être vraiment n'importe quoi), mais juste sa fonction.

Tout se passe comme s'il y avait pour chacun un objet porteur de la fonction cause du désir. Qui n'est pas à proprement parler un objet (on est chez Lacan, hein) mais disons la formule d'une équation personnelle de désir, dont les objets successifs (réels ceux-là, êtres ou choses) dessinent la courbe au long d'une vie.

Vous suivez ? (Non, pas la courbe. Quoique).

Bref Lacan l'appelle objet a. (Pourquoi petita ? Je vous le dirai un jour si vous êtes sages) (et si j'ai pas la flemme) (donc c'est pas gagné) (je parle de ma flemme) (pour le reste je ne me permettrais pas).

À part ça la perpétuelle insatisfaction du désir est-elle tragique ? Bien sûr que non, et la phrase de Wilde est ironique. Oui mais, dira le lecteur, si on n'a pas été élevé au porridge et au flegme britannique ?

Encore moins de tragédie (échapper au porridge ça vous fait forcément voir la vie en rose).

 

Mais n'oublions pas qu'il en y a une, de véritable tragédie : l'insatisfaction du besoin, surtout s'il est du genre vital.

 

 

 

Commentaires

  • Chère Ariane,
    Je découvre combien Wilde sait être réjouissant, et à tous les deux ça l'est encore plus ! J'ai bien envie de faire lire de tes textes à mes élèves - si bien sûr j'ai ton accord. Cela leur fera du bien de prendre un peu de hauteur avec la littérature !

  • Cher Laurent, connaissant tes talents de lecteur comme d'enseignant, je suis très touchée de ton appréciation. Mon accord pour lire avec tes élèves, tu l'as bien sûr. Tu me diras ce que ça a donné sur un public que je sais exigeant ....

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