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Ps 121 (3/3) Et c'est l'humain

Il est ton ombre à ta main droite (v.5). Ombre ou ombrage, qui matérialise la présence en tant que protectrice. Une idée souvent reprise dans les psaumes, moyennant diverses métaphores : le bouclier qui pare les coups de l'ennemi, la mère oiseau qui abrite ses oisillons sous son aile, la grotte où se cacher.

Quel que soit ici le propos du poète, pour ma part cette ombre me renvoie donc à l'histoire de Caïn et Abel, je le disais la dernière fois.

Le nom Abel est le mot du texte célèbre de l'Ecclésiaste traduit par vanité. Il signifie fumée, vapeur, nébulosité. Le mot ombre ici n'a pas la même racine, c'est vrai. Mais les connotations imaginaires sont proches à mon sens.

Et surtout il y a ce fameux dialogue. Où est ton frère ? dit YHWH à Caïn après le meurtre. Suis-je le gardien de mon frère ? (Genèse 4, v.9)

Le gardien-ombre, je le mets en regard de l'Abel-fumée dont Caïn nie être le gardien. Caïn élimine le frère supposé lui faire de l'ombre, un autre-obstacle l'empêchant d'accéder à l'amour du dieu. C'est ici à l'inverse par son ombre protectrice que l'autre se manifeste, se faisant gardien.

On se souvient du signe que YHWH met sur Caïn pour empêcher qu'on le tue après son crime (Gen 4,15), pour enrayer donc la réaction en chaîne de violence dans l'humanité (c'était bien essayé, hein?)

Genèse 4 et ce psaume donnent ainsi la même réponse à la question de Caïn. Suis-je le gardien de mon frère ? Moi en tous cas Je Suis le tien.

(Et après à toi de voir ce que tu fais).

 

Gardien, mais comment, au fait ? Il te garde quand tu sors et quand tu entres.

Entrer sortir de quel lieu ? Dans le contexte liturgique du psaume, d'abord celui de la célébration (temple ou autre).

Mais on peut élargir aux lieux de la vie quotidienne, privés ou publics.

À ceux de l'espace naturel, forêt, défilé, cours d'eau. Chacune des entrées-sorties portant des charges d'affect (joie, risque, fatigue).

On peut encore entendre l'entrer-sortir comme référé à l'histoire d'Israël, aux épisodes d'exil et retour d'exil.

On peut l'entendre, enfin, de manière radicalement existentielle. Le veilleur veille à toi quand tu sors du ventre de ta mère pour entrer dans le vivre avec les autres humains. Et inversement quand tu sors de la vie et entres dans le sein de la terre. (Pour l'éventuelle entrée au-delà, rappelons que la croyance en quelque chose après la mort est peu présente dans le judaïsme).

Alors cette alternance entrer/sortir rejoint concrètement celle du souffle de l'humain qui inspire et expire.

Le gardien est présence à ce souffle, il est dans ce souffle.

Et voici à nouveau la Genèse. YHWH Elohim forme l'adam de la poussière de la terre. Il insuffle en ses narines une haleine de vie : et c'est l'humain, un être vivant (Gen 2, 7).

 

 

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