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Ps 42 (5/5) Comme un sceau sur ta face

Récapitulons. La structure du psaume présente la séquence suivante :

1) le poète affirme son identité de désirant d'Elohim, mais l'éprouve en tension avec la désolation du doute instillé par le sarcasme de l'oppresseur.

2) il lutte contre cette défaite existentielle, alternant les moments d'abattement (larmes v.4, effondrement début v.6 et 7, noyade v.8) et de ressaisissement, où il tente de s'ancrer dans la mémoire salutaire (souvenir ressource v.5, désir du désir v.6, confiance v.9).

Au v.9 le psaume semble avoir accompli sa performance de consolation, et apparemment le poète le croit aussi, avec la formule son chant avec moi ce laudo ergo sum comparable au cogito cartésien.

 

Et pourtant le v.10 relance la plainte, à l'aide des simples mots je dis (ou dirai) : à la fois présent et futur, on a affaire à un inaccompli qu'on pourrait traduire je ne peux cesser de dire .

En fait les v.10-11 viennent expliciter la teneur du chant-prière du v.9, dans une sorte de mise en abyme : détruit par mon oppresseur, je retrouve la vérité de mon être dans mon chant, mais mon chant dit la seule vérité qu'il puisse dire : que je suis détruit etc.

Avec ce je dis le poète se dépouille de son volontarisme. Enfin ose s'exprimer le fond de sa pensée : j'essaie de tenir bon dans le souvenir et l'espérance, et toi qui es censé être mon rocher, est-ce que tu tiens bon pour moi ?

Je me souviens (v.5), je me souviens de toi (v.7) et puis pourquoi m'as-tu oublié ? (v.10). Cruel rapprochement. Je suis atteint dans mes os, au fin fond de moi-même, si bien que ma propre bouche porte vers toi la question-même de mes meurtriers (v.11). Où est ton Elohim, disent-ils.

Mais oui, c'est vrai : pourquoi m'as-tu oublié ?

On mesure alors l'énergie nécessaire à endiguer la dissolution de l'être, l'intensité de la lutte pour arriver à inscrire le dernier verset, ne pas laisser finir le poème sur la question mortelle des oppresseurs. Ne pas leur laisser le dernier mot, et sa vie avec.

Mais que dire ? La seule chose possible, j'existe encore, je suis qui je suis : désir du désir. Alors au v.12 un à un reviennent les mots du v.6.

 

Et le poète réalise : la face-salut d'Elohim s'est inscrite sur sa propre face. Désire Elohim car encore je lui rendrai grâce pour le salut de ma face lui mon Elohim.

Un autre poète biblique (ou le même qui sait) écrit pareillement

Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la mort. (Cantique des Cantiques 8, 6)

 

 

 

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