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Mais sur le chemin

Après cette classification des types de gouvernements, Rousseau explique qu'en fait aucun n'existe sous une forme simple, c'est juste de la théorie.

Dans la vraie vie il n'y a que des formes mixtes composant en proportions variables les ingrédients de la vie politique (le nôtre par exemple est un mixte de démocratie et d'aristocratie élective telles qu'il les définit).

Puis il envisage le meilleur gouvernement possible pour chaque pays, selon son étendue, sa géographie, son climat, son économie (chap III,8 Que toute forme de Gouvernement n'est pas propre à tout pays).

Une réflexion bien représentative du physiocratisme en vogue au 18°s.

Il est amusant de voir comment le côté concret et pragmatique de cette théorie est détourné par la tendance synthétique de la pensée de Rousseau. Ce qui donne des affirmations aussi improbables que :

Quand tout le midi serait couvert de Républiques et tout le nord d'États despotiques, il n'en serait pas moins vrai que par l'effet du climat le despotisme convient aux pays chauds, la barbarie aux pays froids, et la bonne politie aux régions intermédiaires.

(Et avec le changement climatique?)

 

Mais il faut inversement rendre justice à sa réflexion suggestive sur l'éternelle tension de l'impôt : le rapport entre le devoir de contribution des citoyens et le bénéfice qu'ils sont en droit d'en retirer.

Plus les contributions publiques s'éloignent de leur source, et plus elles sont onéreuses (matériellement comme psychologiquement).

Ce n'est pas sur la quantité des impositions qu'il faut mesurer cette charge, mais sur le chemin qu'elles ont à faire pour retourner dans les mains dont elles sont sorties ; quand cette circulation est prompte et bien établie, qu'on paye peu ou beaucoup, il n'importe ; le peuple est toujours riche et les finances vont toujours bien.

Au contraire, quelque peu que le Peuple donne, quand ce peu ne lui revient point, en donnant toujours bientôt il s'épuise ; l'État n'est jamais riche, et le peuple est toujours gueux.

 

Pourquoi le mot peuple est-il dans un cas doté de majuscule et pas dans les autres ? Lapsus, incohérence ? Vu le rapport pointilleux de Rousseau à la précision des termes, je penche pour une différenciation voulue.

Le peuple avec minuscule désigne les sujets, soumis au fonctionnement et au cadre de l'État. Le Peuple majuscule désigne les mêmes gens, mais quand ils exercent leur mode Souverain de dépositaires de la volonté générale.

Conclusion, pour faire son bien de peuple minuscule, le Peuple doit prendre au sérieux sa majuscule (garantie du bien commun contre les intérêts particuliers), pour trouver une bonne circulation de l'impôt.

Genre de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.

 

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