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Opinion piège à ...

« En supprimant l'opinion, on supprime le dommage et en supprimant le dommage on supprime le tort. »

(Marc-Aurèle.Pensées pour moi-même IV, 7)

 

Le terme employé, hypolepsis, nous l'avons déjà rencontré (cf Opinion privée liberté publique 23-06) (je répète pas, à toi de bosser un peu, lecteur, t'es pas dans un blog pour flemmards).

L'opinion : celle que l'on se fait, ou celle que les autres se font de vous ? Il s'agit probablement du second cas de figure.

On se trouve donc devant une version stoïcienne du proverbe Les chiens aboient la caravane passe. « Fais ce que tu penses devoir faire, laisse dire, ne te soucie pas de ce qu'on pense et dit de toi, et comme ça tu verras : même pas mal. »

Je ne sais si à l'époque de Marco il était aisé de faire ainsi fi du qu'en dira-t-on, j'en doute fort, ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on aime à s'entre-débiner.

L'ennui pour aujourd'hui c'est que la technologie décuple les possibles effets de l'opinion. Effets positifs oui si l'opinion est constructive, négatifs souvent : la violence, le mensonge, l'obscénité, c'est tellement plus buzzant.

Voir les ravages de l'humiliation numérisée sur de fragiles adolescents, ou tous ceux qui ont le tort d'être « différents ».

 

Voilà qui attire l'attention, en ce qui concerne l'opinion en sens inverse, celle que nous nous faisons, sur le lien entre avoir tort, avoir et surtout professer une opinion erronée, et faire du tort.

On comprend donc que Marc-Aurèle, comme gouvernant plus encore que comme philosophe, fasse de l'opinion une question si déterminante.

L'opinion constitue un bruit dommageable à la perception de la vérité, si elle préfère stimuler l'affect que discerner l'objectivité des faits.

Elle sera dommageable à l'exercice de la liberté si elle opte pour la mise en cases des choses et des gens plutôt que pour l'observation et l'analyse de la complexité.

Dommageable à la communication (non c'est pas de pub que je parle), entre autres au débat politique, si elle privilégie l'incitation (voire l'injonction) à la prise de parti, au détriment de la recherche commune du bien commun.

 

Bref, comme dit Montaigne en sceptique conséquent, La peste de l'homme, c'est l'opinion de savoir. (Essais II,12 Apologie de Raimond Sebon)

(Attention pas le savoir lui-même, hein, ni sa recherche, mais le fait d'être sûr que ce qu'on sait est indiscutable) (d'où ancrage dans le dogmatisme ou engluement dans l'erreur) (et/ou le plus souvent).

 

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