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Se souvenir des belles choses

« L'esprit, autant qu'il peut, s'efforce d'imaginer ce qui augmente ou aide la puissance d'agir du corps ».

(Spinoza. Éthique part.3 prop.12)

 

Imaginer s'entend construire l'image de. C'est le job de l'esprit, délimiter en une figure lisible la projection de ce qui affecte le corps, autrement dit en donner l'idée (grec eidon = voir), de façon à la penser (latin pesare = peser, évaluer pour et contre).

Logiquement le conatus de l'esprit (la face esprit du conatus) a pour mission de privilégier ses représentations positives. Tâche ardue, car les affects émanent de la rugueuse réalité (dixit Arthur R.)

« Positiver oui mais comment ? », s'inquiète alors l'esprit, s'écorchant à cette rugosité.

 

« Quand l'esprit imagine ce qui diminue ou réprime la puissance d'agir du corps, il s'efforce, autant qu'il peut, de se souvenir de choses qui en (de ces choses imaginées) excluent l'existence » (Prop.13)

Pour comprendre cette proposition il faut se rappeler que Spinoza a posé un déterminisme total à la base de son raisonnement. Dans le domaine matériel comme dans celui de sa projection conceptuelle dans notre esprit, tout suit inexorablement un enchaînement cause-effet.

Pour le dire autrement, tout obéit au mode de programmation du logiciel nature (vu que c'est le seul) (cf Ils rêvent les yeux ouverts).

Donc quand l'esprit est pris dans une chaîne de représentations négatives, il lui faut chercher des issues pour rejoindre une chaîne positive* (en une sorte d'escape-game).

La bonne nouvelle, c'est que ce sera toujours possible, puisque tout se tient, tout est tissé en une gigantesque toile d'araignée.

Alors comme l'araignée, on peut s'accrocher de fil en fil pour changer de secteur.

Dans le tissage des représentations, va donc falloir débrouiller les fils pour arriver à rattraper ceux qui raccordent à une chaîne positive. Cela se fait en écartant, mettant de côté, ceux qui raccordent au négatif, ainsi se comprend « se souvenir de choses qui en excluent l'existence ».

 

C'est un effort certes, mais je vois aussi dans l'éthique en mode spinoziste un côté jeu de piste, chasse au trésor, traversée de labyrinthe, résolution d'énigme.

Un jeu d'enfant, quoi.

Faut juste aller chercher l'enfance en soi (parfois faut creuser c'est vrai) : son plaisir à découvrir et à interroger, son enthousiasme à s'investir, en un mot son énergie de joie.

 

*à moins bien sûr qu'il ne se complaise dans le négatif, pensant y trouver des bénéfices (secondaires ou pas)

(car hélas y a des moments l'esprit a le conatus un peu faiblard ...)

 

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