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Deux en un

« Si l'esprit a une fois été affecté par deux affects à la fois, lorsqu'ensuite l'un des deux l'affectera, l'autre l'affectera aussi. »

(Spinoza Éthique Part.3 prop.14)

 

« N'importe quelle chose peut être par accident cause de joie, de tristesse ou de désir. » (Prop.15)

 

« Du seul fait d'avoir contemplé une chose avec un affect de joie ou de tristesse dont elle n'est pas elle-même la cause efficiente, nous pouvons l'aimer ou l'avoir en haine. » (Corollaire prop.15)

 

Cette séquence est simple, facile à vérifier en effet. Un exemple ?

J'ouvre pour la première fois l'Éthique confortablement installée dans un transat (mer, piscine, forêt, jardin, au choix) il fait doux, pas trop chaud, il fait calme, juste bruissements et/ou clapotis.

Que me dis-je en mon for intérieur ? (Voire m'exclame-je, tirant ainsi mon voisin de transat d'une bienheureuse sieste) : « Super livre, il fait un bien fou, Spinoza tu sais quoi je t'aime !! »

 

J'ouvre l'Éthique disons un jour d'hiver quand le ciel bas et lourd etc. en plus le chauffage est en panne, et cerise sur gâteau le voisin s'est mis à enfoncer des clous ce matin à 6 h et il s'arrête pas, de quoi vous rendre marteau.

Du coup c'est moins zen en mon for intérieur : « Nul ce bouquin, du blabla qui sert trop à rien, Spinoza franchement tu commences à me gaver grave ... »

 

Il est clair que ni Spinoza ni son Éthique ne sont causes efficientes de ces différents affects, mais voilà : désormais la mention de Spinoza ou la vue du livre suffiront à me remettre dans le feeling transat ou journée de merde.

Et par voie de conséquence m'inciteront à deux actions opposées : fréquenter toujours plus ce trésor philosophique, ou inversement m'en débarrasser une bonne fois à la déchetterie (ou non tiens plutôt l'offrir au voisin) (eh eh).

 

Bref oui « nous comprenons par là comment il se peut faire que nous aimions ou ayons en haine certaines choses sans nulle raison connue de nous mais seulement par sympathie (comme on dit) et par antipathie. » (Scolie prop.15)

Sans nulle raison connue de nous : une in-connue qui ne peut manquer d'évoquer l'in-conscient freudien.

 

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