« … l'orgueil (superbia) c'est une espèce de délire, parce que l'homme, les yeux ouverts, rêve qu'il peut toutes les choses qu'il atteint par la seule imagination et que de ce fait il contemple comme des réalités, et elles le transportent de joie aussi longtemps qu'il ne peut pas imaginer ce qui en exclut l'existence et limite sa puissance d'agir. L'orgueil est donc une joie née de ce qu'un homme fait de soi plus de cas qu'il n'est juste. »
(Spinoza Éthique part.3 scolie prop.26)
Exemple aussi drôle qu'éloquent du rapport problématique entre imagination et réalité, qui est posé depuis la proposition 18 (cf Même s'il n'existe pas). L'imagination peut être re-présentation d'une chose réelle. Comme, tout autant, elle peut être figuration d'une chose fantasmatique.
C'est pourquoi tout ce passage de la partie 3 cherche à poser la pertinence éthique du concept logique d'épreuve de réalité. La justesse, conformation à la logique, ouvre à la justesse de comportement, la justice.
Je pense juste donc je suis sur la bonne voie.
Inversement l'espèce de délire de l'orgueilleux, qui induit un comportement grotesque, clownesque, avant tout risible, peut aussi en faire un dévoyé, un pervers radicalement injuste, ne reconnaissant d'autre loi que la sienne.
Et là on rit nettement moins.
On n'ose imaginer les dégâts produits par un orgueilleux bouffon solennel* qui, occupant un poste éminent (genre président d'une puissance mondiale) (un exemple au hasard), ferait joujou avec son pouvoir d'imposer sa mythomanie sociopathe à tort, à travers, et au monde entier.
Non mais là c'est moi qui délire, c'est impossible, tout le monde réagirait, non ?
*cf Vol libre 31-08-19