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Etoiles filantes (3/7)

À chaque instant il y a de petites brindilles qui éclatent le long de l'écorce des bûches. Ça fait un claquement sec et un bref éclair de lumière plus blanche.

On dirait de petites étoiles filantes qui s'échapperaient enfin de l'écorce où elles étaient retenues prisonnières. Depuis si longtemps, des années et des années.

Ça peut se faire si vieux, un arbre …

 

Quand Madeleine était une petite fille, elle adorait guetter les étoiles filantes dans les nuits d'été. Elle avait toujours l'impression que c'était un cri de joie de la lumière : juste un petit cri, pas fort, pas long, mais très joyeux.

Les brindilles en crépitant dans la flamme poussent le même cri de joie. Les étincelles, leur joie sans doute c'est de se libérer de l'épaisseur du bois, et les étoiles sans doute c'est d'arriver enfin à s'extraire des concrétions de ciel entassées depuis le big bang …

 

Elle n'avait jamais rien dit de tout cela à personne, bien sûr, cette histoire de la joie des étoiles filantes. Une fois ou l'autre devant la cheminée, serrée contre Léon, elle avait murmuré « Ces petites flammes, là, on dirait des étoiles, tu trouves pas ? »

Mais elle n'avait pas expliqué étoile filante, cri de joie, big bang, tout ça.

 

N'empêche, ce soir devant le feu Madeleine comprend enfin quelque chose : c'est parce qu'elles crient de joie que les gens confient aux étoiles filantes leurs désirs et leurs vœux.

Oui, ce soir elle sait enfin dire ce qu'elle savait depuis le début, sans trouver les mots : la joie des étoiles, nos désirs, c'est le même feu.

Pendant un moment, un long moment, elle ne pense plus à rien.

 

Et puis tout à coup lui revient le souvenir d'une nuit. Une nuit à la fin de juillet. Une nuit d'un été très lointain là-bas dans sa mémoire. Il y a une petite fille, quel âge peut-elle avoir : quatre, cinq ans ? Une toute petite fille avec deux grandes tresses attachées ensemble d'un nœud rose. Ou bleu ?

« Ah oui je me souviens : rose la semaine, bleu le dimanche, Maman avait décidé ça » Ce soir-là, le nœud dans ses cheveux était bleu.

 

Ce soir-là, elle était partie en promenade dans la campagne, avec ses grands frères et son père. C'étaient les vacances, la nuit était douce et le ciel d'un bleu pur et profond. Et pourtant tout le monde était triste.

Papa avait dit : « Venez les enfants, sortons, avec un peu de chance nous verrons une étoile filante. »

 

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