Maman n'était pas venue. Elle était restée à la maison toute seule. Dans l'après midi, elle avait dit à Madeleine, assise sur ses genoux « La nuit dernière ta grand mère est partie …
- Partie loin ?
- Oui, ma chérie. Elle est partie … loin. On ne la reverra plus.
- On ira loin, nous aussi, Maman ? Tu iras ? Et moi, j'irai, un jour ?»
Sa mère n'avait pas répondu. Elle s'était levée, était allée à la fenêtre. Instinctivement, Madeleine avait su qu'il valait mieux partir avant qu'elle se retourne.
Plus tard en se promenant, sa main dans la grande main de son père, Madeleine avait pensé « Je veux en voir beaucoup, d'étoiles filantes, et je ferai un vœu nouveau à chaque nouvelle étoile ! »
Ce soir-là, elle avait vu quatre étoiles filantes, oui quatre !
La première étoile avait tracé dans un coin du ciel un grand trait de lumière presque orange : une couleur de tarte à l'abricot. Et Madeleine qui était gourmande en ce temps-là avait fait le vœu de manger le lendemain de la tarte à l'abricot.
Seulement, le lendemain, elle eut beau rôder autour de la cuisine, sa mère ne préparait pas la moindre tarte, pas plus aux pommes qu'à l'abricot. Maman avait les yeux tout rouges, et tous les adultes parlaient entre eux avec des voix sourdes.
Aussi bien on ne mangerait même pas, aujourd'hui …
Et puis voilà qu'à midi moins cinq, tante Elisabeth avait dit « Il faut quand même donner quelque chose aux enfants … Je file à la boulangerie. » Elle avait dit à Madeleine « Je te rapporte quoi, mon chou ? »
Madeleine était une petite fille polie « Ce que tu voudras, tante Elisabeth. »
Sa tante était revenue avec des fougasses, des chaussons au fromage, du pain de seigle. Et puis un carton à gâteau ...
« Et alors, Madou, ça se mange pas qu'avec les yeux ! Si t'en veux pas donne-moi ta part » Sans attendre la réponse, le grand frère avait chipé dans son assiette.
Une tartelette à l'abricot, de cette belle couleur orangée qui avait brillé la veille dans un coin du ciel …
La première étoile filante avait exaucé le premier vœu de Madeleine !