La deuxième étoile filante, ce fut un trait qui avait la clarté de l'or : un collier d'or très fin qui brilla un instant sur la robe bleu-marine de la nuit.
Et Madeleine qui était coquette en ce temps-là fit le vœu d'avoir elle aussi un beau collier d'or pour mettre avec sa robe à volants.
Seulement le lendemain, c'est une robe sans volants qu'on lui passa pour aller au cimetière. En fait ce n'est pas qu'elle était partie si loin, sa grand mère : elle était seulement enfermée dans un « cercueil ». C'était pas loin, mais c'était bien fermé. C'était pour ça qu'elle ne reviendrait jamais.
Il y eut des tas de discours et de prières, c'était ennuyeux.
Madeleine passait le temps en regardant la chaîne que portait sa mère et à laquelle était accrochée une pierre transparente. Mais pour le collier de son vœu, elle eut beau attendre les jours suivants, les semaines suivantes, rien.
Madeleine fut bien déçue, et puis elle oublia.
Mais plusieurs années après, le jour de ses dix-sept ans, sa mère en l'embrassant lui tendit un petit écrin. Quand elle l'ouvrit, Madeleine eut l'impression d'avoir déjà vu ce fin collier d'or qui reposait sur le velours bleu-marine ... Ah mais oui, c'était bien cela !
La deuxième étoile filante avait exaucé son deuxième vœu.
Cela avait pris un peu de temps, c'est vrai. Mais après tout, les étoiles filantes, malgré leurs airs pressés, comptent probablement plutôt en années-lumière qu'en dixièmes de secondes. Madeleine aurait aussi bien pu recevoir le collier pour son cinq-millième anniversaire !