Je sais pas vous, pour ma part je n'ai jamais entendu aucun enfant dire Na, même en ses pires bouderies.
Mais en tant que cruciverbiste en revanche je rencontre quasi quotidiennement ce mot fort prisé dans les grilles (quoiqu'il soit en concurrence dans son créneau avec le sodium).
Jeune volonté, jeune défi, clôt le débat, définitif, dans l'opposition etc. : na est censé exprimer l'opposition assortie d'un certain défi, voire du barricadement derrière des bras croisés. Bon, admettons.
On peut aussi l'inscrire dans un paradigme, en déclinant : na ne ni no nu.
Ni me fait penser aux chevaliers qui disent Ni dans le film Sacré Graal des Monty Python. Ils sont l'objet (ou les maîtres, j'ai oublié, faudrait que je revoie le film) d'un sortilège ravivé par la prononciation de cette syllabe. Sacré Graal, jouissive réussite d'un burlesque aussi érudit que débridé. Et père avoué du tout aussi réjouissant Kamelot d'Alexandre Astier.
Toujours est-il qu'on voudrait que tous les combats n'aient d'autres armes que des mots, voire des onomatopées.
Comme dans les BD : paf, pif, ponk.
Ou qu'il en soit comme dans l'épisode surréaliste du Quart Livre où des mots, congelés lors d'une bataille, atterrissent sur le pont du navire de Pantagruel.
« Lors nous jeta sur le tillac pleines mains de paroles gelées, et semblaient dragées perlées de diverses couleurs. Nous y vîmes des mots de gueule, des mots de sinople, des mots d'azur, des mots de sable, des mots dorés.
Lesquels, être quelque peu échauffés entre nos mains, fondaient comme neiges, et les oyons réellement. Mais ne les entendions, car c'était langage étranger ».
Rabelais Quart-Livre chap 56
Les mots de violence et de guerre, un langage étranger, un langage qui nous serait incompréhensible : si seulement, hein ?
Au sortir du gel mondial actuel, au lieu de la reprise de l'habituelle cacophonie des guerres commerciales ou pas, ce serait l'harmonie du fameux concert des nations ...
Utopie ? Et alors, je dis ce que je veux. Je dirais même plus : na !