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(6/14) Messéant à un homme d'honneur

« J'aime à contester et à discourir, mais c'est avec peu d'hommes et pour moi. Car de servir de spectacle aux grands et faire à l'envi parade de son esprit et de son caquet, je trouve que c'est un métier très messéant, à un homme d'honneur. »

(Essais III,8 De l'art de conférer)

 

Référence probable à la cour d'Henri III, homme cultivé, homme d'esprit, et aux entourages de quelques Grands aussi raffinés. Les gentilshommes disons de second rang comme Montaigne y étaient en rivalité (latente ou pas) : se faire remarquer par son esprit, son intelligence, pouvait faire obtenir une charge, un bénéfice.

 

Montaigne (malgré l'espoir de Papa Eyquem qui a tout fait pour lui permettre d'accéder aux hautes sphères, en particulier par son éducation), s'est tenu dans une relative distance de ce système courtisan.

Par sens de l'honneur sans doute, comme il le dit ici, un honneur associé à la préservation de sa liberté.

« Si l'action n'a quelque splendeur de liberté, elle n'a point de grâce ni d'honneur. » (III,9 De la vanité)

Il en est resté éloigné aussi parce qu'il n'était pas vraiment doué pour ce type d'exercice, ayant plutôt l'esprit de l'escalier, il le reconnaît dans les éléments d'autoportrait qui émaillent les Essais.

 

Mais revenons à nos moutons, je veux dire à notre quotidien. Que diraient de cette phrase par exemple les « chroniqueurs » qui caquettent à longueur de chaîne d'info en continu ?

Rien, en fait. Il leur faudrait pour cela consacrer quelques secondes à lire une phrase de Montaigne. Mais pourquoi le faire, en l'absence de motivation buzzienne ?

 

Cependant, selon un schéma récurrent dans les Essais, un « quoique » vient retourner le propos, pour en révéler l'autre face. Souvent comme ici, le quoique ramène Montaigne à sa propre critique après celle de l'autre (qu'elle soit laudative ou dépréciative).

 

« La sottise est une mauvaise qualité ; mais de ne la pouvoir supporter, et s'en dépiter et ronger, comme il m'advient, c'est une autre sorte de maladie qui ne doit guère à la sottise en importunité ; et c'est ce qu'à présent je veux accuser du mien. »

 

Étant moi-même assez sujette à cette sorte de maladie, je vous accorde la relaxe, Monsieur des Essais.

 

 

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