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(4/12) Une couronne à Stockholm

Quel mot pour dire cette aventure : confinement ? confinement/déconfinement ? épisode covid ? Je dirais bien juste tout ça. Mais la paresse locutoire ne passera pas par nous, ô lecteur-trice : tentons de nommer ce ça.

Commençons par remarquer qu'il y a trois choses différentes enchaînées. Le virus, la maladie qui en découle, les situations qui découlent de la maladie.

 

Premièrement donc : nommer le virus soi-même.

« Coronavirus » ? Trop ou trop peu. C'est un coronavirus certes, mais ils sont nombreux dans la famille, faut donc préciser. Il s'agit d'un SARS coronavirus.

Mais dans la branche SARS aussi ils sont quelques-uns. L'épidémie de 2003 en Asie fut le fait d'un nommé SARS CoV. D'où le nom exact du deuxième de la dynastie, SARS CoV-2.

On n'a pas nommé le premier directement CoV-1, malgré les fortes probabilités qu'il ait une descendance sans trop tarder : superstition je gage (la superstition n'épargne pas l'esprit scientifique).

Cela étant, SARS CoV-2, nom le plus exact mais pas franchement rock'n roll, n'a pas séduit grand monde sur les ondes et sous les cieux.

Le mot plébiscité reste coronavirus. Il sonne bien, et ceux qui n'ont pas taillé les cours de latin y entendent le mot couronne. Ça fait riche.

 

D'autres disent corona. Moins par latinisme que par habitude de l'apocope du parler contemporain : gagnons du temps et faisons cool. Ça fait surtout penser à la marque de bière. (C'est peut être pour ça en fait ?)

 

D'autres encore, des épidémiologistes, des spécialistes, disent nouveau coronavirus : façon discrète de laisser entendre qu'ils savent qu'il y en a eu d'autres, mais ne veulent pas étaler leur savoir.

Ils emploient peu SARS CoV-2 : c'est vrai que cette suite rebutante de lettres et chiffres fait formulaire de sécu, d'administration fiscale (ou ogive nucléaire cf ce blog Du virus 3/8 11 mai 2020).

 

Moi ? (Merci de poser la question, lecteur). Dire SARS CoV-2 satisferait mon souci scrupuleux de précision. Mais j'évite, crainte de passer pour une frimeuse. Résultat j'en reste à virus tout court.

Reste la question du déterminant.

Dire le virus lui donne un statut vraiment disproportionné, en fait un symbole, le mythifie, le déifie quasiment. Alors je dis ce virus. Façon de le relativiser, de le remettre à sa place. Il y aussi là quelque chose de mobilisateur. Ce virus ici maintenant auquel nous avons à faire face.

 

Dans le même ordre d'idée, on pourrait presque dire notre virus. Mais non : trop gentil, trop familier. D'accord on n'a pas le choix de s'habituer à sa présence, d'avoir à le fréquenter, ou plutôt à s'efforcer de le tenir à distance, pendant de longs mois encore.

Mais ce n'est pas une raison pour se laisser gagner par le syndrome de Stockholm.

Commentaires

  • Quant à l'Académie française, elle se pose la question du genre : http://www.academie-francaise.fr/le-covid-19-ou-la-covid-19

  • Tu me devances, pertinente lectrice ! J'ai précisément prévu d'en parler dans ma prochaine note à propos de la maladie elle-même.

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