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(10/21) Du côté de Narayama

 

Le plus gros dégât collatéral de la vieillesse est la dépendance.

Quand on est comme on dit seul dans la vie, on est amené à dépendre de tiers étrangers, ce qui n'est pas une perspective agréable. Mais infliger la prise en charge de sa dépendance à son compagnon ou pire à ses enfants me paraît encore plus terrible.

Charge en temps, souci, charge financière, limite éventuelle à leurs projets personnels, eux qui ont encore une vraie vie devant eux.

Faut espérer que dans le risque d'imposer une telle charge, le corps sache programmer l'accélération de sa fin, ou l'inconscient concocter un bon acte manqué fatal.

(Mais bon faut encore plus espérer pouvoir mener jusqu'au bout son petit bonhomme de chemin sans avoir à peser sur quiconque).

 

Ce que je veux dire en fait (et je m'y autorise en tant que vieillissante), c'est que la question de fond pour un individu comme une société me paraît être de veiller à ne pas inverser les priorités. 

« Il nous fâche que (nos enfants) nous marchent sur les talons, comme pour nous solliciter de sortir. Et, si nous avions à craindre cela, puisque l'ordre des choses porte qu'ils ne peuvent, à dire vérité, être, ni vivre qu'aux dépens de notre être et de notre vie, nous ne devions pas nous mêler d'être pères.

(Montaigne Essais II,8 De l'affection des pères aux enfants)

 

Voilà qui m'évoque un film japonais (pas de première jeunesse non plus) La ballade de Narayama (Shohei Imamura 1983*).

Narayama est un endroit dans la montagne où l'on abandonne les vieillards en bout de course, faute de pouvoir continuer à les nourrir, improductifs (contexte d'un village fort pauvre). Évidemment la plupart résistent, se débattent, il faut les obliger à sortir, comme dit Montaigne.

 

Une mère vieille mais encore bien vaillante, choisit, elle, de libérer son fils de sa charge, lui demandant de l'emmener à Narayama.

Film poignant et dur (le moyen qu'elle trouve pour convaincre son fils est digne d'un samouraï) mais qui finit au total sur une image de paix.

 

 

*Les cinéphiles le savaient sans doute, mais moi j'ai découvert en vérifiant la date qu'en fait il s'agit d'un remake d'un film de Keisuke Kinoshita (même titre 1958)

 

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