Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un temps pour tout (1/16) Qohélet & co

« Vanité des vanités, tout est vanité. » 

Un des plus célèbres incipit parmi ceux des livres bibliques*.

 

Un livre dont l'auteur est Qohélet. Ou plus précisément : un livre dont l'auteur présumé est un dénommé Qohélet.

Pourquoi présumé ? Parce que (cf ma lecture de quelques psaumes août-sept 2018) les attributions des textes bibliques il faut savoir en prendre et en laisser.

En laisser, car elles ne se soucient guère de vérité (et même vraisemblance) historique. Ainsi prétendre que Moïse est l'auteur de l'ensemble des livres de la Torah, ou David celui de tous les psaumes est évidemment faux (sans compter que les personnages littéraires Moïse ou David diffèrent beaucoup des êtres réels qui peuvent les avoir inspirés).**

Mais il faut pourtant savoir en prendre, de ces attributions, car elles disent souvent des choses fort utiles à l'interprétation du texte. Même objectivement fausses, elles peuvent être vraiment signifiantes.

 

Pourquoi dénommé ? Parce qu'en fait Qohélet est une sorte de surnom.

Surnom de qui ? Le premier verset du livre l'attribue à Salomon soi-même, fils de David.

Surnom qui signifie quoi ? Il dérive de la racine qhl, assembler. D'où la traduction grecque d'ecclésiaste. (ecclesia = assemblée, mot qui a donné église).

 

Qohélet : le Rassembleur, donc. Soit, mais de qui ou de quoi ?

D'abord rassembleur de la communauté pour délivrer (et commenter) la parole : un rabbin, un enseignant.

Et puis si l'on suit l'attribution à Salomon (et pourquoi pas ?), on peut se souvenir qu'il est censé avoir rassemblé sous son sceptre (le seul temps de son règne en fait, mais bon) les deux royaumes Israël au Nord et Juda au Sud.

 

Enfin et surtout, Qohélet est un assembleur de textes.

« Il a pesé, examiné, ajusté un grand nombre de proverbes, s'est appliqué à trouver des paroles plaisantes (désirables dit Chouraqui) dont la teneur exacte est ici transcrite : ce sont des paroles authentiques. » (12, 9-10)

Tel un rhapsode grec, il a compilé, cousu (rhapsodie = couture, assemblage) un corpus hétéroclite emprunté à diverses sources : considérations morales et autres sentences.

Mais non sans y apposer sa griffe personnelle, dans les passages écrits à la première personne.

 

*Traduction Bibli'O-Cerf 2015 (O = oecuménique) avec en complément parfois Chouraqui DDB 1989, pour sa précision dans les termes hébreux.

**Sur ces questions voir, des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, le passionnant La Bible dévoilée (unearthed) Bayard 2002.

Commentaires

  • Je connais très mal l'Ancien Testament, aussi je vous suis attentivement de mot en mot, Ariane. Merci à vous.

  • La lecture que je vais proposer de ce texte est personnelle, mais cependant j'espère assez fidèle au texte. Je m'efforce en tous cas qu'elle soit claire. Ne pas hésiter donc à questionner ce qui ne le sera pas à vos yeux ...

Les commentaires sont fermés.