-Nable n.m. …
-Non attends, ne me dis pas, Ariane. À tous les coups nable est un mot péj. Une insulte, genre nullard, loser, tout ça.
-Ah bon tu crois ?
-Nable : double minable. En effet un mi-nable égale un demi nable, donc si tu le multiplies par deux tu retombes sur nable. CQFD.
-Désolée de te le dire, Blanche, mais tu sortirais une définition pareille au jeu du dico, personne ne voterait pour toi.
-Pourquoi pas ? Côté logique ça se tient.
-Nable n.m. 1820 du néerlandais nagel « cheville ». MAR. Trou de vidange (d'une embarcation).
-Ah tu vois, Ariane, en fait je n'étais pas si loin.
-Tu trouves ?
-Ben ouais, réfléchis : c'est un terme de marine.
-Et ?
-Marine, capitaine, insultes ? Ça ne t'évoque rien ?
-Ah d'accord, Blanche, je vois. Bandes de nables, espèces d'abaisse-langues en dacron, jaboteurs amérindiques …
-Labelles de catleyas, espèces de babiches à la graisse de macadamia ...
-C'est une métonymie en fait.
-Babiches à la graisse de … ?
-Non, nable est une métonymie. Ça signifie cheville, et ça désigne un trou. C'est donc un glissement métonymique.
-Sauf que quand tu es en mer, Ariane, y a pas intérêt à ce qu'il glisse trop, ton nable. Naufrage assuré. Ah tiens naufrage ça coule euh ça tombe à pic : bande de naufrageurs, glissements métonymiques bataves ...
-Bande de métaphores botaniques proustiennes à la graisse d'étymologies robertiques ...