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Universelle et commune

« Non parce que Socrate l'a dit, mais parce qu'en vérité c'est mon humeur, et à l'aventure non sans quelque excès, j'estime tous les hommes mes compatriotes, et embrasse un Polonais comme un Français, postposant cette liaison nationale à l'universelle et commune. (…)

Nature nous a mis au monde libres et déliés ; nous nous emprisonnons en certains détroits ; comme les Rois de Perse, qui s'obligeaient de ne boire jamais autre eau que celle du fleuve de Choaspez, renonçaient par sottise à leur droit d'usage en toutes les autres eaux, et asséchaient pour leur regard tout le reste du monde. »

(Montaigne Essais livre III chapitre 9 De la vanité)

 

C'est peu dire que de telles phrases résonnent par les temps que nous vivons.

Sottise, assèchement du regard, et méconnaissance des liens qui fondent en nous l'humanité : tel est le nationalisme.

Nous nous emprisonnons en certains détroits : ça c'est seulement dommage pour nous, mais, plus grave, nous en refusons l'accès aux autres humains que nature a mis au monde libres et déliés, eux aussi, tout autant que nous.

Nous sommes français, polonais, européens, eux ne le sont pas, mais la chose première et essentielle, c'est que nous sommes des êtres humains, eux et nous. Nous sommes, eux et nous, devant des urgences à affronter, qui touchent l'humanité entière. C'est à cette échelle-là que nous devons raisonner et agir, nous avec eux, eux avec nous.

La liaison nationale passe après, est postposée à la liaison universelle : si nous oublions cela, nous serons peut être toujours français, polonais, européens, mais serons-nous encore humains ?

 

Commentaires

  • L'universalité a du plomb dans l'aile. (Seul l'argent ne connaît plus de frontières.)

  • Oui c'est vrai, pas de frontières pour l'argent (aussi sale qu'il soit) mais partout des murs entre les hommes : quelle obscénité quand on y pense.

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