« n°290 : Une chose est nécessaire.
(…) Une chose est nécessaire : que l'homme parvienne à être content de lui-même – fût-ce au moyen de telle ou telle poétisation et de tel et tel art. Celui qui est mécontent de lui-même est toujours prêt à s'en venger : nous autres deviendrons ses victimes ; ne serait-ce que pour avoir à toujours supporter la laideur de son aspect. Car la vision du laid rend mauvais et sombre. »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Quatrième livre)
Voici une des formulations d'un concept-clé de l'éthique nietzschéenne, le ressentiment.
Très vite dans la vie, on en constate la pertinence. En soi et autour de soi.
Se venger sur l'autre de la déception de n'être pas content de soi-même, c'est laid c'est vrai, et ça fait plus laide la vie.
Donc la chose nécessaire, le premier travail éthique, est de se garantir contre la pente au ressentiment. Et pour cela de chercher son moyen propre (son art, comme dit Friedrich) d'être content de soi. Ou, disons mieux, de se contenter de soi.
Car il ne s'agit pas de la suffisance du m'as-tu-vu, ni d'une mythomanie mégalomane. Il y a des critères simples pour ce juste rapport à autrui.
Ce qui nous ramène au « catéchisme nietzschéen » (cf note le sceau de la liberté du 4 juin)
Tu dois devenir celui que tu es.
Quel est le sceau de l'acquisition de la liberté ? -Ne plus avoir honte de soi-même.
Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ? -Épargner la honte à quelqu'un.