« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés. » (Mtt 5, 6)
Faim et soif : le manque sous sa forme la plus radicale. Manger et boire sont des besoins vitaux. S'ils ne sont pas satisfaits, c'est la mort.
Il faut donc entendre dans « la justice » en question ici le même enjeu de vie ou de mort. Cette justice consiste à maintenir la vie, à refaire les forces de vie.
C'est cohérent avec ce que nous avons noté plus haut de la contestation du talion. Il ne s'agit pas d'une justice purement légaliste dont le propos serait d'équilibrer les dommages par des réparations en forme de dommages elles aussi. Ce qui, remarquons-le, aboutit à augmenter les pertes en valeur absolue.
Au lieu de cela le texte dit « ils seront rassasiés » : rassasier, c'est plus que nourrir, c'est de l'ordre d'une plénitude.
C'est pourquoi on peut voir dans la justice en question ici l'accomplissement total du projet divin de bonheur pour l'humanité. Ce que souvent le texte évangélique nomme « le royaume (ou le règne) de Dieu ».
À partir de là, on peut reprendre les remarques précédentes. Comme pour la miséricorde, la paix, la consolation, faire advenir la justice (y compris la justice parfaite de Dieu qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons) c'est l'affaire des hommes.