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Ce que valent les philosophes

« Les philosophies valent ce que valent les philosophes. Plus l'homme est grand, plus la philosophie est vraie. »

(Camus Carnets juin 1937)

 

C'est vraiment dommage l'absence du mot non genré en français, faudrait utiliser le latin homo, l'allemand Mensch. Ici ça sonnerait autrement, on penserait aussi aux philosophes femmes, dont la vérité, l'authenticité, est souvent la grande préoccupation, telles Hannah Arendt, Germaine de Staël …

J'ai aussi envie de moduler le mot grand. Car derrière ce mot on peut mettre beaucoup de choses, dont très peu sont positives. Oui, grandeur d'âme OK, mais aussi qui est le plus grand ? (ou pire : qui a la plus grande ?...) (et dans la foulée qui est le plus fort, le plus riche, le plus connu …).

Bref c'est le côté naïvement mec de Camus.

Mais c'est pas grave, d'une part il est loin d'être le seul (même sur Montaigne et Spinoza y aurait à dire, alors …) Et d'autre part il est clair qu'il indexe ici la grandeur sur l'authenticité.

Je me permets donc, Albert, de reformuler votre phrase : Plus la personne essaie d'être authentique, plus la philosophie est vraie. 

Et là, je dis OK.

 

« Combat tragique du monde souffrant. Futilité du problème de l'immortalité. Ce qui nous intéresse, c'est notre destinée, oui. Mais non pas ''après'', ''avant''. »

C'est sûr, l'après on s'en fiche. La seule question est la souffrance, l'éviter, la limiter, pour soi, pour les autres. Et la seule véritable tragédie est la souffrance inévitable. 

Et c'est vrai qu'envisager les choses sous l'angle métaphysique c'est futile, c'est un jeu en fait. À part peut être Pascal, quel philosophe a sérieusement été préoccupé de l'après ?

Un jeu, et, plus grave, la préoccupation des arrière-mondes (comme dit Nietzsche) est un alibi commode pour ne pas faire bien l'homme (comme dit Montaigne). Ou encore pire, pour faire du mal aux hommes (et encore plus aux femmes) avec la bénédiction d'un supposé dieu que ces hommes à faux construisent à leur image, pour satisfaire en guerres, violences, injustices, humiliations, leur goût de la mort, insensé, obscène.

Bon cela ne m'empêche pas de comprendre qu'il y ait des gens qui ressentent une angoisse métaphysique. Et là je me dis j'ai de la chance en fait : je suis angoissée pour tout, vraiment tout, mais c'est dans le quotidien, ou quand c'est l'après, c'est celui d'avant (vous suivez ?), genre la décrépitude totale de la vieillesse. En revanche, l'angoisse métaphysique je n'y vois aucun sens.

Peut être j'ai trop lu Spinoza …

 

« Coutumes respiratoires des yogis du Thibet (sic). Ce qu'il faudrait, c'est apporter notre méthodologie positive à des expériences de cette envergure. Avoir des ''révélations'' auxquelles on ne croit pas. Ce qui me plaît : porter sa lucidité dans l'extase. »

Et surtout, réciproquement, sentir que la lucidité est la seule véritable extase possible, la seule façon d'être vraiment au monde.

Décidément : Spinoza.

 

Commentaires

  • "Plus l'homme est grand, plus la philosophie est vraie. » Je bute sur cette phrase, malgré votre interprétation.
    Je reviendrai lire cette série des Carnets de Camus, commencée le 15, c'est cela ?

  • En fait j'ai commencé le 12 septembre. Oui la phrase m'a interrogée moi aussi. Camus a pris ces notes à son propre usage, il n'est donc pas rare qu'il explicite peu sa pensée. Cela laisse de la marge à l'interprétation, à la lecture personnelle. Je livre ici mon interprétation dans sa subjectivité (qui n'empêche pas l'essai d'objectivité). De même, n'hésitez pas à livrer votre propre lecture, vos remarques, vos échos ... Pour ma part j'en serai intéressée. Merci de lire, Tania !

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