Je ne voyage jamais sans mon journal intime. Il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train.
Oscar Wilde (De l'importance d'être Constant)
Moi c'est une chose que je fais rarement. En fait je prends très peu le train.
Cependant cette phrase me renvoie à maintes errances en librairie ou bibliothèque, et à leurs présentoirs surchargés de vanités.
Entre les auteurs qui refont toujours le même livre (soit qu'ils ne sachent pas faire autrement, n'aient décidément rien d'autre à dire, soit que leurs éditeurs rentabilisent le filon), ceux qui formatent leur sujet pour être dans le créneau vendeur actuel (supposé), avec une indigence d'idées et un conformisme de style (ou l'inverse) tout sauf improbables, que de fois suis-je renvoyée de Charybde en Scylla, prenant un volume sur la foi d'un titre accrocheur, lisant une page ici ou là, la 4° de couverture … Et puis quoi ? Bof.
La plupart sont trop longs à mes yeux. Ce n'est pas une question de nombre de pages. Je crois que je peine à les lire parce que je les ressens comme lourds, boursouflés d'inutilités. Fades, pas nourrissants et indigestes à la fois.
OK, mais qui es-tu, toi, pour juger ainsi ? (ne m'enverra pas dire le lecteur), es-tu si contente de tes propres écrits pour t'autoriser tant de morgue ?
(Dieu me supervise, y a des jours mon lecteur il parle comme mon Surmoi).
« Ach, Ariane, Ich suis obligé de dire que votre Leser a raison sur ce coup-là. Und Ich ajoutiererais même : es serait pas par hasard eine grosse jalousie envers alle ces Autoren ? Peut être sie écrivent nicht genialischement, mais ils trouvent toujours des Editoren pour les publieren, eux … Nicht wahr hein ? »
Papa Freud, vous avez vu juste comme toujours. Mais vous savez ce que c'est : on écrit, on aimerait être lu. C'est humain, non ?
Bref tout ça pour dire y a des jours je le comprends, Oscar (toutes choses égales par ailleurs).
Mais je me console : ceux qui m'aiment me liront dans le train.