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Blog - Page 498

  • chapitre 2

     

    Chapitre 2 : Qu'est-ce qu'un acte manqué ?

     

    Aux jeux de l'ego et du hasard faut jouer Descartes sur table.

    Jacques Ici-Maintenant : Moi ce que j'en dis

     

    En parlant de voie, jusqu'à présent, j'ai mis le paquet sur la rationalité et la cohérence logique sans faille, ce qui est bien le moins quand on a choisi de se placer sous le patronage du cartésianisme dans le pays des centrales nucléaires les plus sûres du monde. Cependant, je n'ai garde de négliger l'autre aspect de mon travail, la prise en compte des éléments inconscients.

    Faute de quoi, ce serait comme essayer de ne marcher que sur une jambe, ce qui est un inconvénient certain pour déménager, et en outre rendrait ce traité symboliquement boiteux. Un peu comme Oedipe si vous voulez.

    D'ailleurs les grands esprits se rencontrent, figurez-vous que moi aussi de mon côté j'ai passé quelques jours à boiter peu après mon déménagement. Un truc con d'entorse. Mon pied a porté à faux sur une légère inégalité de terrain, et crac. « Et merde me suis-je dit en mon for intérieur, juste quand j'ai tous ces cartons à transporter au premier étage, ça tombe mal. » Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec un accident semblable, je parle de mon petit orteil cassé l'an dernier au moment où nous entamions Axel et moi la recherche de maison. Similitude intrigante. Or, comme je suis profondément cartésienne, je me saisis toujours avec empressement de ce qui me met le doute.

     

    En l'occurrence, telle Oedipe devant le Sphinx, je n'ai pas balancé longtemps pour retomber sur mes pattes : nous avions affaire ça tombait sous le sens à un bel acte manqué. Et qui dit acte manqué dit tréfonds inconscients, affres et affects freudiens. « Lacan nous voilà », ai-je conclu, toujours retranchée dans mon même for intérieur. Car, de même que le philosophe manie des concepts, le psychanalyste pense aussi avec ses pieds. C'est pourquoi, de même que le principe de réalité est la continuation du principe de plaisir par d'autres moyens, l'acte con est la continuation du cogito.

     

    Je m'en vais donc de ce pas poursuivre en consacrant le chapitre ici présent à une approche psychanalytique du signifiant déménagement. « Oui mais, diront parmi vous les lecteurs peu rompus aux ergotages lacaniques – et je sais que ça existe quelque part – on vient de se taper un chapitre autour de la définition du dico, c'est bon, côté mot, on a donné ». A ceux-là je répondrai qu'ils n'ont pas encore bien tous les cartes conceptuelles en main s'ils se figurent qu'un signifiant est un mot, qu'on peut purement et simplement assimiler l'un à l'autre. Même pas en rêve ni en parméton.

    Bon, j'explique, on est dans un précis, soyons-le. On est dans un concis, je le serai aussi. Le mot peut se représenter de façon imagée sous la forme d'un animal à deux pattes.

     

    Première patte, le signifiant. C'est, dit Robert, la manifestation matérielle du signe qui constitue le support d'un sens. Pas à dire, voilà une définition qui sait de quoi elle parle. Et elle se comprend. Notre entendement y est comme un poisson dans l'eau, il nage. En outre j'adore pour ma part manifestation matérielle. C'est bien simple, on croit voir le Saint Graal suspendu en l'air comme dans le film des Monty Python. Ce bon vieux Bob nous laisse ici entrevoir un petit côté destroy qu'on n'aurait pas soupçonné chez lui. En fait ça veut juste dire les lettres et les sons du mot. Le reste est littérature, c'est à dire effet spécial comme dans le film.

    Deuxième patte, le signifié, qui est le contenu du signe (là Bob, contre toute attente, fait dans la sobriété). Si vous voulez, c'est comme le lapin qu'on tire du chapeau. Car il faut préciser que le signifiant et le signifié ne sont pas reliés par une nécessité quelconque. C'est comme ça, dans le chapeau y avait un lapin, mais on aurait pu aussi bien y mettre une pipe ou un parméton. En fait ce qui nous égarerait plutôt, linguistiquement parlant, il faut bien le dire, c'est que dans le chapeau il y ait une tête. Mais à part un lapin lacanien, je vois pas bien qui nous ferait le coup. Or les lapins à ma connaissance sont massivement freudiens, adhérant dans leur grande majorité à la notion de primat du sexuel.

     

    Prenons le mot chapeau en exemple, puisque nous l'avons sous la main. Signifiant : les lettres c-h-a-p-e-a-u et les sons cha et po. Signifié : un truc qu'on se met sur la tête. Mais attention, ce signifié-là ne peut être décodé avec certitude que si on a les deux faces du signifiant, le son et lumière. Sinon on peut coller au signifiant d'autres signifiés : chat-peau, chat-pot. Vous me direz que ça ne signifie pas grand chose, chat pot, moins que poule au pot en tous cas, ou lapin en gibelotte. Précisément, tout ne tombe pas sous le sens, sinon pourquoi parler, hein ?

    Bref je vous raconte pas si en plus, au lieu d'être isolé comme ça pour les besoins de l'expérience, comme une grenouille arrachée à sa mare natale et clouée sur une paillasse de labo, le signifiant, qu'il soit chat, pot, ou chapeau, reste dans son milieu naturel, qui est ce que les linguistes appellent la chaîne parlée, dans laquelle le plus cartésien des locuteurs se fera tôt ou tard quelques nœuds.

    Autrement dit, lorsque le mot, sur ses deux pattes, cherche à avancer un sens, eh bien il fait comme Oedipe lorsqu'il cherche à avancer tout court : il boite toujours un peu.

     

    Moi ça m'a duré une bonne dizaine de jours. Le temps de méditer cartésiennement sur un transat sur la terrasse, et accessoirement sur la signification de cet acte manqué. Ici ma DT m'oblige à signaler qu'il n'y a pas accord unanime de la communauté philosophique sur l'unité du couple Descartes/Lacan, et la fécondation de l'ego de celui-ci par les cogitations de celui-là.

    Axel par exemple m'a dit : « Arrête de voir des actes manqués partout, tu t'es fait une entorse parce que tu étais fatiguée, ton pied a glissé, c'est aussi simple que ça. » Moi je crains que cette remarque n'ait quelque chose de parmétonien, dans la mesure où la fatigue peut être considérée comme une condition nécessaire admettons, mais non suffisante. Je me suis fait une entorse parce que mon pied a glissé certes.

    Mais premièrement glissement se dit en latin lapsus, deuxièmement Descartes a écrit surtout en latin, et troisièmement dans la troisième phrase du paragraphe confer ci-dessus, j'avais d'abord tapé accroc au lieu de taper accord. Il me semble que ça se passe de commentaire. Et du commentaire au comment dire il n'y a qu'un pas, qui nous ramène dans tous les cas de figure au signifiant.

    Bref, comme le dit en substance Sigmund, avec le lapsus comme avec l'acte manqué, l'inconscient ne chôme pas, il trouvaille.

     

    Trouvaille nf 1: fait de trouver avec bonheur, chose trouvée heureusement (voir découverte) ex : « quelle charmante propriété vous avez là ! - Une occasion, une trouvaille » (Zola). 2 : fait de découvrir par l'esprit (une image, une idée) d'une manière heureuse ; idée originale, intéressante (voir création, invention).

     

    Ainsi parlait encore Petitrobert. On remarquera premièrement la congruence de la citation de Zola avec notre propos, et deuxièmement que ces définitions sont empreintes d'un certain enthousiasme, car contrairement à ce que l'on croit souvent, les dictionnaires font la part belle aux sentiments, sensations et pulsions, je ne sais pourquoi.

    Enfin quand je dis « je ne sais pourquoi », c'est par pure modestie, car j'ai une hypothèse. Les rédacteurs de dictionnaires sont des personnes d'un âge respectable, ils se recrutent parmi les hommes prostatiques et les femmes ménopausées. Ces deux catégories sont à l'âge où s'opère peu à peu un transfert libidinal des choses du sexe vers d'autres choses. Pour certains ce sera le jardinage ou la pêche, pour d'autres les concours de bridge ou de Scrabble, pour d'autres encore les thés dansants ou les séances prévention-Alzheimer. Chez les rédacteurs de dictionnaires, la libido investit les mots. J'aurais tendance à dire qu'elle retourne ainsi à sa source, mais je crains que cela ne nous entraîne à des digressions insuffisamment cartésiennes, surtout dans le cadre d'un précis.

    C'est pourquoi je fais table rase des ergotages de ma plume. Cependant que le lecteur se le tienne pour dit : je me censure sans doute, mais je n'en pense pas moins.

     

    Bref, déménagement commence par un dé. Comme déballage et déblayage, qui en sont de toute évidence les deux mamelles dialectiques. Comme débarquement et débrouillardise, lorsque se retrouvant jeté, tel Robinson, dans un lieu nouveau et inconnu, le déménageant doit l'explorer et l'apprivoiser, tel Vendredi. Axel et moi nous avons déménagé un jeudi, ce qui est un avantage, d'une part parce que ça laisse deux jours avant le dimanche où tous les magasins sont fermés et c'est fou ce qu'on a besoin de magasins quand on déménage. Le nombre de choses dont on se passait dans la maison d'avant et qui se mettent à manquer dans la nouvelle, pourquoi, ô abîmes de perplexité ! D'autre part parce que le dialogue est nettement plus facile avec Jeudi, par nature plus loquace.

     

    Au passage, chacun aura déduit de soi-même qu'il vaut mieux ne pas déménager le mardi si on est dépressif ou exposé au burning-out. C'est vraiment un risque à ne pas courir, car déménagement commence aussi comme déchirement et désarroi. Je ne vais pas m'étendre sur ce point, je pense que les lecteurs, y compris les moins déménagistes d'entre eux, n'auront pas de mal à saisir que déménager c'est partir de quelque part. Or tout autant qu'à l'axiome universel deux déménagements valent un incendie, le bon sens populaire acquiesce au postulat partir c'est mourir un peu. J'attire seulement l'attention sur le fait que l'endroit d'où l'on part importe peu, qu'on l'ait aimé ou pas, qu'on s'y soit senti bien ou pas, que les voisins aient été charmants ou détestables. Du moment qu'on part on meurt, c'est tout. Le lieu ne fait rien à l'affaire.

    Partir de quelque part c'est juste aller mourir ailleurs.

     

    Maintenant je vous donne quelques autres mots complémentaires dans le désordre, et vous en faites ce que vous voulez : chercher le tiercé gagnant, jouer à trouver l'intrus, les classer selon différents critères, mettre le dé en facteur commun, les transformer en mots-valises bien utiles dans le cas d'espèce, construire un petit logorallye dont ils seraient les étapes, que sais-je. Allez-y c'est à vous, c'est l'auteur qui régale.

    Décoration. Décrassage. Dédale. Délibération. Démocratie. Dénouement. Déplacement. Dérangement. Destin.

     

    Destin, tiens, tiens. En voilà un qui se pointe à point. Où peut être qui sait était-ce là où je voulais en venir ? N'est-ce pas un signe dudit destin pour attirer mon attention parméton ? Car c'est ici que le dé de déménagement nous amène à une référence historique incontournable. Alea jacta est dixit César Jules qui comme Descartes s'exprimait préférentiellement en latin lorsqu'il avait à manier des concepts. Alea ça veut dire les dés et on ne manquera pas de se rappeler que Jules arrivait avec armes et bagages à proximité de Rome où tous ses chemins de campagnes l'avaient finalement ramené. Avec armes et bagages, c'est à dire, est-il besoin de l'expliciter, avec tout son déménagement. Certes il lui faudrait attendre 1611 pour avoir le mot, mais comme c'était un homme d'action, ce n'est pas le genre de choses qui l'arrêtait.

    En revanche le Rubicon le fit.

     

    Le voici tout perplexe. Traverser ou pas ? Vérité en deçà, erreur au-delà ? Ou le contraire ? Je vous laisse à penser le Décrassage de méninges, les Dédales de la Délibération, voilà c'est ça un logorallye, dans lesquels le plongeait la perspective du Déplacement qu'il envisageait. « Un petit pas pour l'homme », se disait-il (et en effet à cet endroit le Rubicon se passe à gué sans problème) « mais un grand pas vers Rome ». Que ce fût un grand bond en arrière pour la Démocratie ne lui causait pas grand Dérangement. Il était surtout avide de Décorations, que d'ailleurs il se décernait lui-même. Le Dénouement est bien connu. Tout cartésien qu'il était César n'avait pas le doute hyperbolique chevillé au corps. N'étant par ailleurs nullement freudien, il faisait l'impasse sur son surmoi, et pour cela était totalement exempt de complexes. Il jeta donc ses dés au dessus du gué, et il franchit le Rubicon.

     

    Ce qui nous permet de déduire enfin le rapport exact entre destin et hasard : le hasard est un parméton libre qui peut ou non venir s'agréger à l'atome d'ambition pour former la molécule de destin.

     

    Maintenant je vous laisse à penser combien la face du monde eût été changée si le pied de Jules eût été moins sûr et qu'il eût glissé sur le gué. Lapsus ! Eussent ricané tous ses soldats, se poilant sur leur pilum. Et Jules, rubicond de honte, eût perdu sa face à lui. « Si j'aurais su j'aurais pas venu » eût-il murmuré en son for intérieur. Ce qui entre nous lui aurait utilement évité d'avoir à le dire, assorti de plusieurs aarrgh tout à faits incongrus, quelque temps plus tard aux ides de Mars, tombant sous les coups de son fils Tuquoque (et de quelques autres à qui les pages roses du concurrent direct de Bobus ont fait beaucoup moins de publicité).

     

    Bref, nous conclurons avec Freud qu'un lapsus vaut toujours le détour. Nous laisserons entendre avec Lacan que si vous manquez un signifiant vous pourrez toujours attraper le suivant. Enfin nous nous féliciterons avec Einstein que Dieu ne joue pas souvent aux dés,

    car toute cette histoire laisse à penser qu'il serait plutôt du genre mauvais joueur.

     

     

     

     

     

     

     

  • Pseudo

     

    Pseudo

     

    Visiblement le pseudo « Ariane Beth » suscite l'interrogation. Je ne veux pas me dérober. J'en profite d'abord pour dire que je me suis aperçue qu'il y a sur les réseaux sociaux plusieurs Ariane Beth de chair et d'os. Mais surtout ne confondez pas : elles ce sont elles, moi c'est moi (sauf le respect que je leur dois). Je ne me dérobe pas, bien que ne sois pas sûre que ce soit d'une importance majeure. Mais bon : il n'est sujet si vain ...

    La question est en fait d'abord : pourquoi un pseudo ? La procédure de création du blog le proposait. Comme j'y connais rien à ces machins, j'ai pas su si c'était mieux ou pas. Dans le doute … Deuxième question : pourquoi ne pas avoir pris en pseudo simplement mon prénom par exemple ? Parce qu'en fait j'aime les pseudo. Les vrais. C'est à dire les faux, les vraiment pour de semblant. J'y retrouve ce plaisir enfantin du déguisement que j'ai pratiqué aussi au théâtre, particulièrement lors de trop rares expériences de travail de clown.

    Naturellement le pseudo n'est pas choisi au hasard. Mais de là à dire que j'en ai toutes les clés, l'inconscient étant ce qu'il est … C'est pourquoi je suis intéressée par les interprétations d'Hélène ou Laure-Anne, auxquelles j'ai envie de dire oui. Une bête et un âne sont sûrement là dans l'histoire. Pourquoi exactement ? Puis-je adhérer à la flatteuse interprétation d'une modestie devant le grand homme ? Sont là aussi les labyrinthes, et les vers immortels de Racine. Macbeth je sais pas trop, moi j'ai plutôt le feeling Hamlet, mais va savoir. Beth la maison, eh oui, c'est à cela que j'ai pensé, et aussi à la deuxième lettre de l'alphabet.

    Voilà, ça fait beaucoup de phrases déjà pour le vain sujet, mais bon.

     

     

  • Opportunisme OK

     

    Opportunisme

     

    Définissons l'opportunisme comme une capacité d'adaptation, le fait de tirer le meilleur parti possible des circonstances, et suivons sans hésiter la remarque d'Hélène : Montaigne est opportuniste. Je me demande même si ce n'est pas un de ses traits fondamentaux. Faire de chaque moment de sa vie un moment opportun, de chaque événement une opportunité. Je ne résiste pas à l'envie de citer à ce propos encore d'autres phrases, au risque de ressembler à ces prêcheurs illuminés qui allèguent les Saintes Écritures à temps et contretemps. D'ailleurs non, pas à contretemps : puisque, précisément, tout avec Montaigne peut trouver son opportunité.

     

    (III, 2 Du repentir) Les autres forment l'homme ; je le récite et en représente un bien mal formé et lequel, si j'avais à façonner de nouveau, je ferais vraiment bien autre qu'il n'est. Mais voilà (meshuis) c'est fait.

    Elle est joliment humble, cette toute petite phrase : eh oui, c'est fait, l'homme (moi-même entre autres) est ce qu'il est, pas toujours enthousiasmant, mais c'est à prendre ou à prendre. Sage opportunisme auquel la suite de ce passage donne une profondeur existentielle qui a de quoi nous laisser baba une fois de plus.

    (…) Je ne peins pas l'être, je peins le passage : non un passage d'âge en âge, ou, comme dit le peuple, de sept ans en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l'heure. (…) Soit que je sois autre moi-même, soit que je saisisse les sujets par autres circonstances et considérations. Tant y a que je me contredis bien à l'aventure, mais la vérité, je ne la contredis point.

    Si Montaigne n'est jamais dogmatique, c'est qu'il n'est pas psychorigide. Il fait spontanément ce truc tout bête mais pas si facile à faire pour le commun des mortels (moi par exemple au hasard), laisser parler la vérité du monde et des êtres, qu'elle nous convienne ou non. Différence fondamentale entre dire : « je dis la vérité » (ou même ma vérité), et dire comme il le fait « la vérité je ne la contredis point ». Dans le premier cas, on la sait (on croit la savoir), on en dispose d'une certaine manière. Dans le second, ce qu'il y a à faire, c'est la discerner, l'écouter, l'accepter, ne pas chercher à avoir le dernier mot avec elle, bref ne pas la contredire.

    En tous cas, c'est à de telles phrases, unissant force et subtilité, que se reconnaît pour moi Monsieur des Essais. Là, c'est vraiment lui. Témoin l'extraordinaire définition de lui-même comme de son livre qui clôt ce passage. Si mon âme pouvait prendre pied, je ne m'essaierais pas, je me résoudrais ; elle est toujours en apprentissage et en épreuve.

     

    Montaigne s'essaie, vit sur le mode de l'essai. L'essai est une expérimentation de tout ce qui se présente. C'est aussi une tentative de dire, de penser, d'être, toujours recommencée, jamais résolue. Car l'âme ne prend pas pied, elle flotte. Donc elle surfe peut être en effet comme le dit Hélène.

    En tous cas ceci nous amène comme par la main au rapprochement avec un autre grand Monsieur qui n'a pas trop perdu son temps non plus en prenant la plume, à savoir Spinoza.

    Je me demande dans un syncrétisme échevelé cette vie « à l'essai » ne peut pas être entendue comme un mode du fameux conatus perseverandi in suo esse (un des leitmoitive de l’Éthique) : l'effort, la tentative continus de persévérer dans son être. Et cela alors même que l'on est soumis à tous les fluctuationes animi, les flottements d'âme (dus à ses passions et à celles des autres). Bon, à suivre.