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Le blog d'Ariane Beth - Page 159

  • Au gré du vent (15) La faute à Spinoza

    En fait je ne sais pas si j'ai raison de fréquenter les RA (cf 10). Ça a tendance à me déprimer. Pourquoi ? Ça m'ouvre les yeux sur trop de choses.

    Exemple au hasard : l'épidémie de covid a révélé une pathologie bien plus invalidante, la myopie éthique.

    Elle provoque l'incapacité à voir plus loin que le bout de son nez. Les malades affectés du syndrome ME ne peuvent vivre leur rapport au virus que dans un esprit de privatisation forcenée. C'est mon virus, j'en fais ce que je veux, je suis libre. Na.

    Le syndrome associe donc à la personnalité* un réflexe pavlovien d'opposition à tout et n'importe quoi. Régression à l'âge enfantin du non, l'âge adolescent du no future.

    Sauf que l'âge du non est transitoire, c'est une étape d'élaboration, une façon de construire son individualité, dans la confrontation aux limites posées par les parents et éducateurs (quand ils les posent).

    La phase nihiliste des ados, elle, est une façon (brutale mais pas si bête) de chercher les moyens de faire mieux que la génération précédente.

    Une étape de tabula rasa qui permet de dégager la perspective, de se donner l'espace de son aménagement personnel.

    L'antitoutisme égocentré ne vise pas de construction, il est au contraire un principe d'inactivation.

    Pourtant pas besoin d'être Nietzsche pour voir que ce que je détruis du corps social me rend plus faible. Vu que j'en fais partie, du corps social.

     

    Quand on déprime chez les RA on se raccroche à un mantra de Spinoza (qui lui est membre non des RA mais des RI**) : ni rire ni pleurer ni haïr mais comprendre (Traité politique).

    Rire il veut dire railler persifler ricaner, il ne s'agit pas d'un rire libérateur qu'ailleurs il célèbre. Pleurer c'est déprimer se désoler se décourager. Haïr c'est rager, ne pas supporter. Au lieu de tout ça comprendre : observer, entendre, analyser, prendre en considération.

    Ni railler ni déprimer ni haïr mais comprendre. C'est sympa dit comme ça, mais pas facile à faire, hein ? Mais a-t-on le choix ?

     

     

    *Mot de G de Staël pour l'égocentrisme radical.

    **Rationnels Illustres

     

  • Au gré du vent (14) A moyen terme

    Dans mes balades en ville je passe régulièrement devant deux boutiques de pompes funèbres. Au fait on dit boutique pour des pompes funèbres ? Non, hein ?

    Plutôt un truc du genre agence. Agence de (dernier) voyage.

    Pourquoi ne pas les nommer sur le modèle de téléphonie : pomperie, funèbrerie ?

     

    L'une de ces maisons a opté pour le classicisme.

    La vitrine présente sans surprise la stèle (ou l'urne) en marbre gris (ou rose) orné de roses en céramique rose (ou blanche).

    Le phylactère sobre et passe-partout À mon épouse (époux) chérie (bien-aimée), à ma mémé (pépé) adorée.

    Faudrait oser du plus personnalisé, peut être. Style à mon tonton tatoué, à mon toutou vacciné.

    L'autre entreprise s'est positionnée dans le créneau du marketing agressif.

    Sur un écran évoquant l'encadré du faire-part de deuil, sont présentés les forfaits tout compris.

    Parfois même une promotion. Suggestion implicite : n'hésitez plus, osez, franchissez le pas.

    Encouragement subliminal aux héritiers putatifs, non ? Si tonton Richard se décidait à partir maintenant, on aurait deux cercueils pour le prix d'un. Du coup, pour Tata Dora …

    À la place de ces pompeux entrepreneurs j'aurais peur de tomber sous le coup d'une procédure pour instigation de crime multiple en bande organisée (les avocats aussi font dans le marketing agressif).

     

    L'autre jour sur l'écran défilait l'horoscope.

    Provocant, non ? Ou philosophique ?

    En attendant qu'arrive mon signe (non mais j'y crois pas, c'est juste comme ça) je songeais à Keynes. (Carrément, Keynes ? Ben oui, c'est pas parce que je lis mon horoscope que j'arrête de penser).

    On se souvient de sa réponse so british humour aux détracteurs de ses propositions sur la régulation du libéralisme, ce qu'on appelé logiquement le keynésianisme :

    « Vous avez raison, à quoi bon se casser la tête pour envisager un bon système économique, c'est vrai qu'à moyen terme nous serons tous morts. »

    Ah voilà mon signe : « Lancez-vous, ne soyez pas timide, sous peine de regrets éternels. »

    Oui décidément comme enseigne pour la boîte : « La Funèbrerie ».

     

  • Au gré du vent (13) Baptême express

    J'ai connu une fille qui s'appelait Agathe. Son frère s'appelait Gaston. Oui et alors, dira le lecteur, OK mais quoi dira la lectrice.

    Eh bien un jour j'ai remarqué que ces prénoms se suivaient au calendrier. Ste Agathe 5 février, St Gaston 6 février.

     

    Leurs parents ont-ils conçu exprès cette séquence ? (Je parle de la séquence des prénoms, bien sûr, le reste ne me regarde pas).

    Si oui, pourquoi ? Optimiser les célébrations de fêtes familiales ? Créer un lien supplémentaire entre leurs enfants ?

     

    Si c'est le hasard, la preuve est faite qu'il a plus de suite dans les idées qu'on a coutume de le croire.

     

    N'empêche voilà une option qui peut résoudre bien des dilemmes parentaux au moment d'une seconde naissance.

    Exemple vous avez nommé votre aîné Toussaint. Pour sa petite sœur qui arrive, le choix est tout trouvé : vous lui ferez don du charmant prénom d'Halloween. Vous pourrez aussi prendre le calendrier dans l'autre sens et la nommer Défunte.

    C'est sympa aussi, quoique plus vieillot.

     

    Heureux parents de jumeaux, optez pour Sylvestre et Jourdelan. Et pour vos jumelles ce sera Gisèle et Victoire-45.

     

    Si vous avez nommé Noël votre premier-né, inutile pour sa petite sœur d'aller chercher midi à quatorze heures, elle s'appellera Sainte-Famille.

    Et si jamais, devenue ado rebelle, elle vous reproche ce choix, genre je suis dégoûtée c'est trop nul les prénoms composés, rappelez-lui que la sœur de son copain Aimé assume très bien, elle, de s'appeler Croix-Glorieuse.