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Le blog d'Ariane Beth - Page 158

  • Abaisse-langue

    -Alors voyons … Un deux trois quatre cinq six sept huit ... voilà : Abaisse-langue n.m. (1841) de abaisser et langue. MED. Instrument en forme de palette servant à abaisser la langue pour examiner la gorge. Des abaisse-langues.

    Merci Robert, ça c'est de la définition ! Bon à la rigueur OK on aura appris le pluriel. Bizarre d'ailleurs ce S à langues. Comme si le fait qu'il y ait plusieurs abaisseurs multipliait les langues dans la bouche. Parce que bon, l'abaisse-langue n'en abaisse qu'une à la fois, de langue, non ? Moi perso ...

    -Arrête, Blanche, tu essaies de noyer le poisson, mais la vérité c'est que tu as triché pour tomber sur ce mot.

    -Mais non ! Pas du tout, Ariane, j'ai compté huit, comme on avait dit.

    -Et comme par hasard tu tombes sur « abaisse-langue ».

    -Ben oui, je vois pas ...

    -Dites aaah, abaisse-langue, tu percutes, là, Blanche ?

    -Ah ouais tiens, ça colle super bien !

    -T'as vraiment pas triché ?

    -Mais non ! Pour qui tu me prends ? ! Dans la famille Page on est hyper pointilleux sur la déontologie, figure-toi. Et entre nous on peut pas toujours en dire autant des auteurs.

    -C'est pour moi que tu dis ça ?

    -Non, enfin pas spécialement. Mais les gens qui écrivent ils s'arrangent avec les faits, ils modifient la réalité, ils approximent la vérité …

    -Approximent ? Toi à propos de langue t'as pas peur de la triturer avec des néologismes on dirait … Et puis ce que tu décris c'est juste le travail de la fiction, Blanche.

    -Ouais alors disons que je suis pas trop fiction fiction.

    -Et pourtant ton abaisse-langue, ça fait un peu manip, désolée d'insister. Déjà avec le dites ah, et en plus franchement ça tombe pile poil en ce moment.

    -Pile poil avec quoi ?

    -Mais enfin Blanche : par rapport au virus à l'épidémie la fièvre la toux, tout ça quoi !

    -Ah ouais tiens, ça colle super bien ! … Non mais ne me regarde pas comme ça. C'est juste le hasard j'y peux rien.

    -La réalité dépasse la fiction ?

    -Faut croire, Ariane, faut croire. Mais pas de problème, le prochain compte, pour B, c'est toi qui t'y colleras, tu pourras pas m'accuser de tricher.

    -Oui d'accord, puis comme ça on prend le rythme un tour chacune c'est bien.

    -Eh ben voilà. Dis, au fait, on s'en sert encore beaucoup des abaisse-langue euh languesssse, tu crois ?

     

  • La tête à Roro

    -Blanche, tu es là ?

    -Ben oui. Où tu veux que je sois ?

    -C'est que tu dis rien.

    -J'ai rien à dire, Ariane, c'est tout.

    -Ce serait pas ton angoisse qui te reprend ?

    -Mon angoisse ? Tu parles de laquelle ? Sans me vanter j'en ai à revendre.

    -Entre nous bon courage pour trouver des acheteurs. Mais bon je voulais dire tu sais l'angoisse dite de Blanche Page. C'est bien toi, c'est ton nom ?

    -Ah voilà ça va être encore de ma faute si t'es en panne d'inspiration. Mon angoisse, mon angoisse, notre angoisse je te ferai dire.

    -Si ça peut te faire plaisir …

    -C'est juste un fait, Ariane. On est dans le même bateau, si je rame c'est que tu rames

    -Et vice-versa, alors ?

    -Oui bien sûr. Bon alors on va pas y réveillonner, où veux-tu en venir ?

    -Ben comme d'hab je voudrais trouver un sujet sympa pour mes lecteurs.

    -Tes lecteurs, Ariane ?

    -Nos lecteurs si tu préfères …

    -Je préfère oui.

    -D'accord d'accord, Blanche. Mais bref t'aurais pas une idée, toi ?

    -Notre joker habituel. Avec ses pages noircies bien noircies. Et qui en plus sont beaucoup beaucoup.

    -Si je comprends tu suggères un nouveau petit abécédaire avec Robert ? Pourquoi pas ? Alors question suivante : comment on les choisit, les mots ?

    -Chacune dit un chiffre, on additionne, et on prend le mot correspondant dans chaque lettre.

    -Ouais genre Oulipo pour les nuls quoi ...

    -Parce que Mâdâme Âriâne à mieux à proposer ? Un truc plus intello, plus philosophico-machin ?

    -C'est bon, c'est bon : huit.

    -Zéro.

    -Ah voilà je l'attendais celle-là ! Tu sais quoi, si tu me trouves si nulle, eh bien t'as qu'à te débrouiller sans moi.

    -Mais qu'est-ce que tu nous embrouilles, Ariane ? C'est dur à comprendre que le chiffre préféré de ta copine Blanche Page soit zéro ? Ton esprit logique a pas percuté ? Zéro, le rien, le vide, le blanc ...

    -...

    -Non allez boude pas. Huit plus zéro égale huit (tu vois du coup bingo c'est ton chiffre à toi qui est sorti). La prochaine fois on ouvre Robert au A, on s'arrête au huitième mot, et on se lance.

     

  • Au gré du vent (16/16) Un bien en soi

    « Quant à moi, par réalité et par perfection j'entends la même chose. »

    (Spinoza Éthique Préface partie 4)

     

    Juste un petit moment encore avec Spinoza, si tu permets, lecteur-trice. Sans se prendre la tête promis (la prise de tête c'est pas le genre des RA, tu l'as compris n'est-ce pas).

    Dire la perfection c'est la réalité, s'entend (il me semble) comme l'incitation à se tenir devant tout ce qui est là, la simple réalité objective, quotidienne.

    Hors cinéma imaginaire, hors préoccupation narcissique, se contenter d'embrasser le réel*. Oui mais comment ?

    Eh bien, explique Spinoza, il faut l'outil d'idées adéquates. Celles qui visent à se faire de la réalité une idée juste, à en prendre l'exacte mesure.

    Il y a un bonus : l'adéquation est source de joie, assure-t-il. Comprendre, rien ne fait davantage de bien, car c'est un bien en soi, conclut-il.

     

    La faute peut être à ma fréquentation soutenue de tas de  RA et autres tas de RI, mais je trouve que c'est drôlement vrai. Comprendre est un bien en soi.

    Car cette joie de comprendre n'est pas nécessairement dépendante du contenu, de la chose que l'on comprend. C'est comme quand on va voir un film au sujet dur, tragique, et qu'on sort pourtant de la salle dans une sorte d'euphorie. Pourquoi donc ? C'est qu'on ressent la joie, le dynamisme d'une création réussie.

    Le fait de réfléchir, de chercher à comprendre est de la même façon un acte créateur. Et pareillement euphorisant.

    Par exemple comprendre les mécanismes de ses erreurs, de ses fausses routes. Cette compréhension ne change rien à ce qui a été, ne répare pas les dégâts, ne rebâtit pas à neuf, mais elle ouvre l'asile de l'adéquation.

    Se prendre comme on est, exactement, se comprendre comme on ferait d'un autre. Et alors, par-delà (ou à travers) les éventuelles amertumes, les regrets les repentirs, éprouver la joie de l'adéquation, joie paradoxale, toute d'austère douceur.

     

    *En fait cela rejoint à mon sens le concept d'objectité chez Schopenhauer, qui permet, dit-il, de se situer dans l'oeil unique du monde.