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Le blog d'Ariane Beth - Page 231

  • Au coin de la rue : jeunes filles

     

    Une ado longiligne assise en hauteur sur un ressaut entre deux colonnes de la Tour de l'Horloge, jambe pendante.

    Cela m'évoque ces pères Noël kitsch que l'on voit investir les façades dès novembre, en même temps que les chalets standardisés s'installent sur les trottoirs.

    Cette image inattendue de jeune fille sur la façade a quelque chose, elle, de vraiment merveilleux.

     

     

    Deux filles style cagole sortent en pétard d'une boutique de téléphonie. « On est nulles putain, les vraies blondes ! »

    Offre mirobolante qui aura trompé leur naïveté ? (La cagole est sans malice). Manque de répondant face à un vendeur méprisant ou dragueur ?

    Toujours est-il qu'elles se le servent avec assez de verve. (La cagole a son panache).

     

    Marchant derrière moi deux filles BCBG devisent. « Non moi j'achète pas ce genre de marque. Oui tu as raison par exemple Vuitton c'est un peu cher, mais au moins ... »

    (Au moins quoi ? On voit que t'as les moyens ? Tu portes une étole pure soie mais pour le panache on repassera).

     

    Plutôt partager un coca (quand bien même il ne serait pas light) avec les premières qu'un thé vert (fût-il irréprochablement bio) avec les secondes, me dis-je.

     

  • Au coin de la rue : scénarios

    Petite rue calme. Devant une villa, un homme arrête sa voiture, pour entrer aussitôt dans une autre, garée sous l'auvent, et il repart. Comme dans un film policier.

    Les vies de ces autres qu'on croise, romans passionnants peut être, mais dont on ne lira jamais qu'une bribe de phrase.

     

                                                                       

    Éparpillées par le vent, des feuilles de papier sur le trottoir. Curieuse, j'en coince quelques unes sous ma semelle pour les déchiffrer : il y a des polycops, et des notes prises d'une écriture pressée d'étudiant. Ça parle de psychologie.

    Acte manqué, ces feuilles abandonnées au vent ?

     

                                                                           

    Sur le toit d'en face

    Casting d'oiseaux pour Hitchcock

    L'air de rien font peur

     

                                                                        

    En arrivant à la hauteur du cinéma, je vois clignoter le camion d'urgence des pompiers. Crise cardiaque (du danger des thrillers ...), fausse route de pop corn ?

    Y en a qui ont pas de veine quand même. Tu comptes te faire un après-midi sympa avec un bon film et crac …

    Et puis devant la banque, je vois un pompier au distributeur, qui retire un peu de liquidité.

    Happy end.

     

  • Affirmative et légère

    J'ai lu Soif d'Amélie Nothomb. J'aime cet auteur, la lecture de chaque livre est comme une rencontre avec une amie.

    Peu importe le sujet, qui d'ailleurs est parfois fort mince. C'est l'écriture avant tout qui m'accroche chez un auteur, et l'écriture d'Amélie vraiment me parle.

    C'est intelligent, mais sans rien qui pèse et qui pose (comme dit Verlaine). On sent sa présence, la présence d'un vrai quelqu'un. Mais sans étalement, une présence qui ne s'impose pas, une présence polie. Voilà, polie ça lui va bien à Amélie.

    Cela je le ressens depuis longtemps. Ce que j'ai compris en lisant Soif, c'est pourquoi je me sens toujours si bien après avoir lu du Nothomb, légèrement euphorique.

    Son écriture est affirmative. Et pour cela elle m'affermit.

     

    Entendons-nous : affirmatif ne veut pas dire péremptoire. Ce serait presque le contraire. Il s'agit d'un mouvement que Nietzsche a formulé mieux que quiconque.

    « Je ne veux pas faire la guerre au laid. Je ne veux pas accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Que regarder ailleurs soit mon unique négation ! En somme toute, en grand : je veux même, en toutes circonstances, n'être plus qu'un homme qui dit oui ! » (Le Gai savoir Pour la nouvelle année).

    Le Jésus de Soif pourrait souscrire il me semble à ces paroles.

    (Tiens oui ce livre ne serait-il pas un peu l'Ecce homo d'Amélie ?)

     

    Et puis elle a aussi une autre qualité nietzschéenne, la légèreté.

    « Je me rappelle avoir marché des journées entières sur les chemins en me félicitant d'être heureux de rien. Je n'étais pas heureux de rien, je savourais la légèreté. » (Soif)