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Le blog d'Ariane Beth - Page 230

  • Au coin de la rue : étrange

     

    La devanture d'un coiffeur annonce « homme » « femme » « enfant ». Quel sens trouver à ces guillemets ? Incertitude existentielle ? Truc de marketing ?

     

    Il/elle tangue sur des cothurnes dorés, orteils entravés, mollets saucissonnés, cheveux décolorés, exténués de permanentes, taille guêpée de stretch. 

    Il faut souffrir pour être « belle » ?

     

    Cette femme qui arrive à pas menus face à moi sur le trottoir, on dirait ma mère passé 65 ans, ou ma grand mère.

    En me croisant, elle me dévisage avec insistance, comme si moi aussi je lui rappelais quelqu'un.

     

    Une petite dame aux cheveux blancs dont je vois le reflet dans chaque vitrine de la rue : je vais finir par croire qu'elle me suit. Que me veut-elle ?

    Qu'ai-je à faire de cette mémère ?

     

  • Au coin de la rue : le cas de le dire ?

     

    À la croisée du boulevard de la République, un panneau « rue des Droits de l'Homme ». En s'avançant on voit un autre panneau, qui signale que la rue en question est une impasse.

     

    Shéhérazade B., m'informe une plaque cuivrée, est avocate à la Cour. Mon imagination se met à vagabonder.

    Je la vois, sa longue chevelure balayant la toge à chaque effet de manche, devant un prétoire suspendu à ses lèvres (et acquis de toute évidence à sa cause, sinon à celle de son client).

    Il profite tranquillement du spectacle, le client, il fait confiance.

    « N'ayez aucune inquiétude, lui a dit maître B., en narrant les faits sous un jour qui nous est favorable, je vous promets de nous obtenir, à tout le moins, un sursis ».

  • Au coin de la rue : âge tendre

     

    Dans sa poussette, un bébé chante tout seul, doucement, battant une cadence tranquille de ses petits bras. Sa mère, pressée, préoccupée, avance sans y prêter attention. Moi j'écoute car je n'ai qu'à écouter. 

    Privilège partagé des âges vacants.

     

     

    Un pépé à lunettes sur son vélo. Il fonce sur le trottoir, front baissé, sourire aux lèvres. Il va retrouver ses copains pour une partie de belote.

    Ou de billes : il a dix ans.

     

     

    Une grosse dame étalée sur un banc au soleil, brioche dodue dont la chair tiédit comme une bonne pâte.

     

     

    En traversant la rue, je croise un bébé dans les bras de sa mère, il agite sa menotte pour me dire bonjour, avec un grand sourire. Je lui rends son salut, et je me souviens.

    S. bébé dans sa poche kangourou saluait ainsi ses voisins en quittant le RER. Depuis le quai, sa mère et lui voyaient les mains s'agiter en retour, dans tout un compartiment attendri.