« In medio stat virtus »
= c'est au milieu que se trouve la vertu.
Cette phrase conteste les conceptions et comportements extrêmes, prône la recherche d'un juste milieu.
Incite-t-elle pour autant à adopter une opinion et un comportement moyens, à se cantonner dans la médiocrité intellectuelle et éthique ?
Je crois le contraire.
Ne pas se laisser enrôler par les extrêmes, se méfier des positions rigides et tranchées, refuser les appartenances exclusives, n'est pas comme on pourrait croire signe de mollassitude.
Le mot vertu peut être mal compris. Son sens moderne a été affadi, pour ne pas dire gnagnanisé (souvent pour la plus grande gloire du sexisme, comme quand on parlait de femme de petite vertu) (pas trop grande non plus celle du mec qui achète ses charmes, non ?)
La vertu comprise en ce sens est au fond de l'ordre de l'abstention. Elle consiste à s'abstenir, se préserver du mal (ne nous laisse pas succomber à la tentation dit la prière chrétienne).
Mais souvenons-nous que virtus veut d'abord dire force, courage. (C'est censé être la qualité du vir, de l'homme) (amis du sexisme, rebonjour) (qu'est-ce qu'on rigole, hein les filles?)
Force, courage : en effet. Surtout en temps de surenchère à l'extrémisme.
S'efforcer de se tenir au milieu n'est pas se planquer en terrain neutre. On risque au contraire de se trouver au cœur de la bataille, pris entre deux feux (ou plus), cerné d'excités de tous bords, de cons de toutes obédiences.
Le difficile alors est de ne pas se rallier à l'un des camp extrêmes, par peur, paresse, conformisme, aliénation.
Ne pas renoncer à se tenir au milieu implique de savoir que la vérité est subtile et complexe, certainement pas en tout ou rien.
Assumer la place exposée du milieu, implique de croire dur comme fer dans la vertu des médiations et des médiateurs.